40 ans de Punk? Volet III

40 ans de Punk? Volet III - 3ième partie

40 ans de Punk?
40 ans de Punk?
Au niveau du look, le punk laisse alors libre court à tout. Certains vont se créer une vraie identité comme les Ramones (perfecto, jean's troués, baskets usés, t-shirts trop petits) ou les Sex Pistols (cheveux teints, en pétard, t-shirt « Destroy », futes en cuir) et d'autres vont délirer un peu plus chaque jour, Captain Sensible des Damned monte sur scène habillé en infirmière ou en tutu avec bas résilles et Doc Martens montantes, quant à Siouxsie elle sort habillée en maîtresse sado-maso avec porte-jarretelles en cuir et brassard nazi. En Australie, le sujet reste plus vague, Radio Birdman ou The Manikins soignent l'image mais restent sobres et les Saints s'en moquent. Ce sont les Punks anglais qui, très vite, associent fringues et musique, comme les Mods avant eux. Certes, au départ, il y a McLaren et sa boutique, mais pas que cela. Le manager des Sex Pistols a toujours tiré la couverture à lui pour tout ce qui est lié au groupe. Il a très vite caché aux médias que John «Rotten» Lydon, lorsqu'il visitait la boutique en 74-75, avait un look totalement hors norme pour l'époque: cheveux hirsutes teints en vert ou orange selon les jours, t-shirts déchirés dont le fameux «I Hate Pink Floyd» («je déteste Pink Floyd» qui sera reproduit par McLaren et son épouse Vivienne Westwood pour la vente au magasin), pantalon coupe droite et bottes de moto peintes en vert pomme. McLaren a caché cela afin d'expliquer au monde qu'après avoir rencontré Richard Hell à New-York, il avait eu l'idée (encore lui!) de «fabriquer» un look pour les Sex Pistols. Une légende urbaine qui court encore aujourd'hui.
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Les choses sont bien plus simples, les gosses américains et anglais se sont inspirés de la misère qu'ils voyaient chaque jour autours d'eux, et l'ont mêlée à leur envie d'aller à contre-courant de leur époque, des bien pensants baba cools et de la morale des parents, d'où les t-shirts déchirés, les cheveux en pétard et les slogans provocateurs. Chez McLaren et Westwood au départ les vêtements étaient bricolés dans l'arrière boutique avec leurs copains dont Bernie Rhodes. Entreprise artisanale 100% DIY dont les Pistols bénéficiaient, au même titre que les Ramones ou Motörhead bénéficiaient du merchandising de leurs propres groupes. La différence, c'est que la plupart du temps, tout passe par des circuits spécialisés pour vendre t-shirts, badges etc. (les magazines musicaux, les concerts, et aujourd'hui internet), avec les Sex Pistols, en plus des concerts il y avait la boutique (en face de laquelle se trouvait BOY, magasin concurrent dans lequel on pouvait acheter la même chose, moins cher). Le look punk de l'époque est également né du Rock'N'Roll (blouson noir, jean's serrés, bottes ou creepers), des Mods (veste de costume, cheveux courts, chemise et cravate), du Glam, surtout David Bowie (cheveux oranges période Jean Genie, hirsutes comme sur la pochette de Space Oddity) et du milieu gay (le t-shirt avec les deux cow-boys face à face qui n'est autre qu'un dessin de l'artiste gay Jim French allègrement pompé par Westwood et McLaren).

A Londres, le 100 Club, habitué au Jazz, ouvre ses portes au punk. Certains clubs sont créés pour l'occasion, dont le Roxy qui fermera au bout de trois mois et le Vortex. A New York, le CBGB's a un temps d'avance, Ramones, Dead Boys et tant d'autres sont devenus des habitués depuis quelques années déjà. 

Dead Boys: Search Destroy


Des fanzines apparaissent : «Punk», «Sniffin' Glue», «Ripped and Torn», «More On», «Skum», «Bondage» chacun est libre de faire ce qu'il souhaite, d'écrire ce qu'il veut, au format qu'il veut, quand il le veut etc... Des labels voient le jour, comme Fatal Records, créé par The Saints pour sortir leur premier single, New Hormones, le label éphémère des Buzzcocks, et Factory, celui de Tony Wilson à Manchester.
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Et 40 ans après, que reste-il?

Oubliez les punks à chien en treillis militaire. Le punk a toujours été créatif, le punk c'est organiser des concerts de façon autonome, c'est former des groupes sans plan de carrière, c'est faire ses propres fringues, ses fanzines, son blog, sa page internet etc, bref, c'est être actif, c'est faire les choses avec trois bouts de ficelles et son argent de poche si nécessaire, mais c'est faire («Do it yourself!»).

Pour ceux qui souhaitent se renseigner sur le Punk anglais, l'ouvrage de référence est «England's Dreaming» de Jon Savage (que les journalistes de Rolling Stone considèrent comme une bible alors que leur hors-série spécial Punk est truffé d'erreurs. L'ont-ils lu?). Côté Ramones, «Sur la route avec les Ramones» de Monte Melnick et Frank Meyer est une mine d'informations, vous y trouverez tout ce que vous cherchez ou presque, les concerts, l'histoire, le témoignage des membres du groupe et de son entourage, des photos inédites etc... Sur le Punk US, il y a bien «Please Kill Me», mais attention certains témoins ont le sens de l'exagération et un ego assez boursouflé. Pour les Sex Pistols, «L'Histoire intérieure» de Fred et Judy Vermorel, sorti avant le film tartuffe du manager et réédité en 2011, c'est le seul livre à parler du groupe et de Sid Vicious au présent. Également «Day By Day» de Lee Wood, en Anglais, mais assez facile à comprendre, il retrace l'histoire du groupe depuis sa création sous le nom des Swankers en 1972 jusqu'à sa séparation à San Francisco en janvier 1978.

Fernand Naudin

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