RADIO MOSCOW - Histoire d'une surprenante découverte

RADIO MOSCOW ou lorsqu’un inconnu invite Hendrix et Winter à sa tablature

Radio Moscow
Radio Moscow

Il arrive que nous découvrions un groupe et son disque emblématique en même temps. Ça se passe à la Maroquinerie, salle de concert parisienne située dans le populaire quartier de Ménilmontant. Accoudé au zinc pour le houblon d’avant concert, je suis stoppé net dans le port de la pinte aux lèvres estomaqué! Au barman: «Dites, vous pouvez me dire le nom du groupe qu’on entend, là, et de l’album dont il s’agit?». Le boitier du CD nous renseigne: Radio Moscow - Brain cycles - 2009. Qui tient la guitare? 

Radio Moscow - No Good Woman


Nous sommes en présence d’un mutant, d’un croisement entre le fils spirituel d’un improbable couple: Jimi Hendrix / Johnny Winter. De toute évidence, le bretteur a son permis heavy rock blues psyché. Comme ses paires, il conte quelques histoires d’une voix perfectible alors que sa vérité est ailleurs: dans la six cordes. Les chansons s’étirent sur des envolées de notes mémorables. «Paganiniens», ses doigts courent sur le manche, arachnoïdes avides de gammes, la Chose de la famille Adams versus mélomane. 
En arrière-plan, ses deux comparses bastonnent tout en maintenant un sacré niveau de technicité, une finesse d’exécution synonyme d’excellence. Ce bel ouvrage s’adresse plus volontiers aux amateurs des 70’s bien que serti d’une production 2000’s. No good women, érigée en diapason, caractérise le façonnage des chansons, solo de batterie en prime. Si vous n’y trouvez pas votre compte, peu enclin aux messages percussifs, Just don’t know introduit figurativement le propos par la face A. Le titre baigne dans un jouissif solo de Cry baby qui navigue d’une enceinte à l’autre. Et puis, il y a The Escape avec son air de rien puis de tout, Brain cycles en morceau musical typé 1968, 250 miles et sa panoplie de blues-cavalcade ou encore Hold on me très typique du reste de l’album. 

Radio Moscow- I just don't know


Sur ma platine, la pâte verte du vinyle vomit ce cocktail divin que je sirote en claquant la langue. Une question, pourtant, me taraude l’esprit: pourquoi, dans la famille Lp’s Rock’n’roll 5 étoiles, ce disque figure-t-il au palmarès des abonnés absents? Existent-ils en si grand nombre ces magnifiques enregistrements? Un excès de similitude avec ses divins prédécesseurs a-t-il envoyé directement ce dernier dans le no man’s land des bacs à solde? Les médias encensent-ils les poulains des puissants au détriment des orpailleurs artisans? 
De tous temps, aux quatre points cardinaux, dans tous les pays, de l’Ouest au soleil levant, des albums brillants se sont vu dispersés dans la vétille, preuve qu’il n’y a pas de formule menant à la célébrité si ce n’est la chance ou… la chance. Pour moi, un verre avant un concert à la Maroquinerie, pour d’autres cette chronique? Pendant ce temps-là, comète intemporelle, Brain cycles régale de nouveaux chanceux. Amoureux ou nostalgique, de front il sied aux deux.

Thierry Dauge

Commentaires

Articles les plus consultés