Steve Jones et John Taylor - Première collaboration
Mars 1995, Steve Jones - Sex Pistols - collabore avec John Taylor - Duran Duran - pour l'album solo de ce dernier, Feelings Are Good And Other Lies. Le premier titre de l'album, Feelings Are Good sera ensuite repris par le groupe dans lequel ils joueront ensemble.
John Taylor - Feeelings are good
Toujours au cours de ce mois de mars 1995, plusieurs musiciens se retrouvent sur scène, au Joint de Las Vegas. Parmi eux, Matt Sorum - The Cult, Guns N'Roses - et Duff McKagan - Fastbacks, Guns N'Roses - Steve Jones, Iggy Pop, Eric Mesmerize et Steve Stevens.
Neurotic Outsiders - Black Leather
Le mois suivant, Johnny Depp, alors propriétaire du Viper Room de Los Angeles, demande à Matt Sorum s'il pourrait organiser un concert de charité pour aider un ami qui souffre d'un cancer. Sorum accepte volontiers et demande à John Taylor s'il veut se joindre à lui. Même chose avec Duff McKagan et Steve Jones. Les Neurotic Boy Outsiders sont nés. Il s'agit au départ d'un seul concert mais face à leur popularité, les quatre musiciens décident de rejouer au même endroit afin de lever plus de fonds et finissent par devenir des réguliers du lieu.
A partir de cet été 1995, les Neurotic Boy Outsiders ne vont pas cesser de tourner, jouant à Boston, New York, Las Vegas, Philadelphie, Phoenix, Tucson, San Diego et d'autres villes US. Les sets sont composés de leurs propres chansons et de reprises qui varient selon les soirs: essentiellement Raw Power, I Wanna Be Your Dog et No Fun (Stooges), Bodies et Pretty Vacant (Sex Pistols), Silly Thing et Black Leather (Cook & Jones), Janie Jones (The Clash), New Rose (The Damned), et parfois Ready Steady Go (Generation X), All my Lovin' (The Beatles), Something Else (Eddie Cochran), Steppin' Stone (Paul Revere & The Raiders / Monkees) et Virginia Plain (Roxy Music). Dès qu'ils le peuvent, ils invitent des amis à participer à leurs concerts dont Slash (Guns N' Roses) et Billy Idol.
Au début du printemps 1996, le groupe devient Neurotic Outsiders et signe un contrat avec Maverick Records, le label de Madonna. Cette signature ainsi que la présence d'un ex Duran Duran dans le groupe font grincer les dents des esprits les plus étroits.
Profitant du concert des Sex Pistols à Finsbury Park, le 23 juin, Jones et ses acolytes jouent au Borderline de Londres deux jours après, puis reviennent aux USA pour terminer l'enregistrement de leur album qui sort le 10 septembre. Un disque mêlant de superbes mélodies sur des titres Rock, Punk-Rock et des balades, le tout avec un gros son de Gibson qui rappelle Never Mind The Bollocks Here's The Sex Pistols et Appetite For Destruction, premier LP de Guns N'Roses.
Neurotic Outsiders - Jerk
Signalons également la reprise très énergique de Clash:Janie Jones, speedée et modernisée grâce à des effets sur les vocaux.
Neurotic Outsiders - Janie Jones
Sortent ensuite un single trois titres, Jerk avec Story Of My Life et l'inédit Seattle Head et un cinq titres sur lequel figure un autre inédit, Spanish Ballroom ainsi qu'une reprise de John Taylor: Planet Earth.
Neurotic Outsiders - Sujet
Fin septembre, une mini tournée européenne passe par l'Allemagne, puis la France, au Gibus de Paris. Ensuite, plus rien, c'est le «silence radio» le plus total jusqu'en 1998 où Jones retrouve Sorum et McKagan pour l'enregistrement du titre Elected d'Alice Cooper et le groupe remonte finalement sur scène en 1999 pour une série de concerts au Viper Room en compagnie de membres de The Cult et de la Spice Girl Mel C (de quoi fait mourir de rage les ayatollah du Rock...).
Dernier concert en Décembre 2008 lors d'une Christmas Party avant l'arrêt définitif de ce groupe resté méconnu en France, malheureusement.
Les Ramones et Pink Floyd - Le grand écart du rock
Ramones - Pink Floyd
Janvier 1977 - Une date 2 albums
1977 est considérée comme l’année 0 chez beaucoup d’amateur de musique «radicale», celle du grand nettoyage provoqué par l’arrivée du punk. Après son 1er Lp initiateur, Ramones rajoute une épingle à nourrice au punk rock US avec: Leave home.
Question: Ce style musical a-t-il artistiquement supplanté tous les autres?
C’est à «écouter». Outre Sex Pistols, Clash, Damned, Heartbreakers, Saints, Television et consorts, l’environnement musical de 1977, c’est aussi: Rumours de Fleetwood Mac, News of the world de Queen, The stranger de Billy Joel, Heroes de Bowie, le 1er Lp de Foreigner ou Let there be rock d’AC/DC, des albums plébiscités par le public.
Et puis, contre vents et marées, il y a Pink Floyd et son particularisme, ses partitions d’un quotidien fantasmé, sa conceptualisation du temps qui passe via la traduction qu’en fait Roger Waters. Ici: Animals.
Pink Floyd - Pigs on the wing
Ramones et Floyd sortent leurs Lps respectifs, après les fêtes de fin d’année, en janvier. Subsides en bernes, l’acquisition de l’un ou de l’autre devient-elle un choix cornélien? Il n’en est rien. L’oreille éduquée aux nappes de synthé du Flamant Rose mettra un temps avant d’accéder au surf rock punkifié de Ramones, l’inverse relevant du même principe. Animals, avec ses grognements de porcs, ses aboiements et bêlements déposés au cortex d’une guitare acoustique, parait à cent coudées du minimalisme bruyant des «Fréros», de leur ode musicale érodée par les vicissitudes urbaines.
De par le monde, bien loin de ces considérations, l'Organisation des Nations Unies (ONU) instaure la journée internationale de la femme. Parallèlement, Jean-Bedel «cannibale – 17 compagnes» Bokassa s'autoproclame Empereur de la République Centrafricaine. Conséquence: risque pour les femmes d’être «célébrées» tous les jours en Centrafrique. Quelques chiffres autour de 1977: fin mars, deux Boeing se télescopent aux Canaries, 612 personnes manquantes à l’issue des vacances de Pâques: le patronat s’inquiète. Mort d’Elvis Presley. Il a vendu sept cent millions de disques de son vivant!
Concomitamment, naissance d'Emmanuel Macron qui vendra vingt millions de voix quarante ans plus tard. Commentaire: petit joueur! Ramones et Pink Floyd nous proposent donc une bouffée de notes salvatrices en cette année «chargée».
Ramones - Gimme Gimme shock treatment
En France, le rock et le punk trustent la tête des hits parades avec Rockcollection de Laurent Voulzy et Ça plane pour moi de Plastic Bertrand pendant que L’oiseau et l’enfant gagne l’Eurovision. Conséquence: en 1977, écouter de concert Leave home et Animals était une délivrance.
2018? Nécessité faisant, on se «délivre» toujours avec eux.
Franz Ferdinand, c'est l'histoire d'une formation qui démarre dans les années 2000 en Ecosse. Ils sont à l'époque une bande d'étudiants à la Glasgow School Of Art et décident pour le fun, de monter un groupe. Rien ne semblait alors présager le succès à venir, l'amateurisme est total, au point que le bassiste apprend à jouer de son instrument lors des répètes dans un entrepôt désaffecté qu'ils surnommeront "le Château". Et pourtant, deux ans à peine après ces débuts tumultueux, le groupe enregistre un premier EP Darts of Pleasure. L'idée de base d'une auto-distribution est bien vite oubliée. Une bonne étoile les repère, il s'agit Laurence Bell, président de Domino Records qui accepte de les signer... début d'une carrière.
Le lancement du groupe est fulgurant, début 2004, c'est une véritable petite décharge qui arrive en single sur nos platines. Take me out, un tube qui fera le tour de la planète, suivi quelques temps plus tard d'un premier album collant parfaitement à cette tonalité british rock, qu'on avait largement oublié depuis plusieurs années, et qui allait se diffuser sur les radios en ondes positives, tel un parfum de renouveau. En réalité, rien de vraiment neuf si ce n'est la mise en forme... il y avait dans ce premier album toutes les recettes pop rock héritées de la musique anglo-saxonne, à tendance bien électrique.
Pendant toute cette année 2004, c'est le ras de marée de la consécration, la tournée des grands festivals rock, Glastonbury et Reading, ainsi qu'en France, les Eurockéennes de Belfort. Côté ventes, c'est le flamboyant du succès qui porte l'album dans les Charts à la troisième place des meilleures ventes au Royaume-Uni. Et ce n'est pas tout, chaque single de l'album Franz Ferdinand aura sa place de choix dans le Top 20, excusez du peu.
Album Eponyme : Franz Ferdinand
Ce premier album de Franz Ferdinand brille évidemment par la qualité des compositions portées par un sens exacerbé de la mélodie assez rare, qu'Alex Kapranos - chanteur et guitariste - interprète avec force et précision. Une suite de titres aux mélodies entêtantes, aux intensités parfois vacillantes, et à l'énergie porteuse. Pour un peu, on en redemanderait: Jacqueline, The Dark of the matinée parfait pour la diffusion radio, comme Kapranos le chante: "So I'm on BBC Two now, telling Terry Wogan how I made it" et l'énorme riff syncopé de Take me out.
Une incontournable claque écossaise, pleine de fraîcheur et de peps'. Et même si le style finira par s'essouffler sur les albums suivants, cette première galette, comme un pavé dans la mare made in scottish, reste gravée dans le paysage rock de cette année 2004, qui jusque là ronronnait consensuellement.
Lewis Alan Reed né en 1942 dans le quartier de Brooklyn à New-York. A l’âge de 5 ans il étudie le piano, mais peu à peu c’est la guitare qui aura sa préférence, lui qui se passionne très jeune pour le Rock mais aussi le free jazz et la littérature.
En fait, étouffé par le rigorisme paternel, le conformisme ambiant et la tristesse de la petite ville de banlieue où la famille s’est installée, le jeune Lou Reed s’échappe grâce à la musique et, à 16 ans, coécrit et enregistre en tant que guitariste, un 45 tours dans le style doo-woop au sein d’un groupe appelé The Shades.
"Il n’y a qu’un seul truc bien avec les petites villes, c’est que tu sais qu’il faut que tu foutes le camp." - Small Town - 1990.
A la même période, Lou est diagnostiqué schizophrène et il est «soigné» par séances d’électrochocs... Cette douloureuse et barbare expérience ne sera pas sans conséquences dans la vie de l’adolescent, rappelant en 1974 ce qu’il pense des «psychiatres.à deux sous» dans une déclaration de haine intitulée Kill Your Sons...
C’est donc dans le New-York des 60’s qu’il débute sa carrière artistique, alors que la ville est un formidable creuset de culture et de contre-culture et qu’elle offre toutes les pistes pour les créateurs en devenir. Mais elle est aussi la ville de tous les contrastes, des hautes tours de Wall Street aux minuscules cafés hantés de crève-la-faim de Greenwich Village, où vécurent dès 1948 les écrivains «Beat», Allen Ginsberg, Neal Cassady, Jack Kerouac et William Burroughs.
En 1961, Dylan découvre New-York, la «Gomorrhe des temps modernes» écrira t-il plus tard, un Dylan qui, en novembre 1963 à Syracuse (ville ou Lou suit des cours d’écriture créative à l’université), donne un concert seul sur scène, avec sa guitare et son harmonica. Un choc pour Lou Reed qui se trouve dans la salle, et qui abandonne alors ses intentions de folk-songer, la place étant déjà prise et de quelle façon, mais qui va retenir l’essentiel: un nouveau genre de songwriting est possible, et poésie et musique populaire peuvent faire des étincelles miraculeuses, leçon qu’il ne va pas tarder à mettre en œuvre au sein du Velvet Underground.
The Velvet Underground and Nico
En effet, dès 1964, il se produit modestement dans les bars de Syracuse. Là il est repéré par Terry Philips, un producteur du label Pickwick Records et se retrouve promu songwritter professionnel à composer à la chaîne des hits sans intérêt chantés par des groupes fantoches, aux noms improbables, tel les Beachnuts, les Roughnecks ou les Primitives... Une de ces chansons se nomme The Ostrich, elle marche fort, alors Terry Philips recrute, pour la jouer sur scène avec Lou, un dandy de littérature aux cheveux longs et violoniste classique, John Cale. Une rencontre qui va changer le cours de leurs vies...
John Cale et Lou Reed ne se quittent plus et rencontrent un guitariste, Sterling Morrison, puis une batteuse de 21 ans, Maureen Tucker. Le Velvet Underground, du nom d’un essai journalistique sorti en 1963 sur les comportements sexuels hors-norme, genre échangisme et sadomasochisme, le Velvet Underground donc est né, ne manquent plus qu’un mécène et une figure de proue.
Nous sommes fin décembre 1965, en France Mireille Mathieu démarre une carrière fulgurante à l’Olympia et l’union des gauches mène François Mitterand à l’inconcevable: mettre de Gaulle en difficulté au 1er tour des présidentielles... Là-bas à New-York, Andy Warhol, un peintre pop à perruque blonde, roi de la Factory, cette incroyable usine à idées, et une mannequin allemande, femme fatale et astre blond qui se pointe à la Factory au bras de Brian Jones et qui répond au patronyme ambigüe de Nico, vont combler les vides au sein de Velvet Underground.
Avec 5 ans d’avance, l’esprit des seventies vient de naitre à New-York.
En 1967, le Velvet publie donc son premier album, enregistré déjà depuis 1 an et avec des titres de Lou datant de 1964, composés pour la plupart dans la période sexe, drogue(s) et rock n’roll de Reed et Cale. L’album s’intitule The Velvet Underground & Nico et fait l’effet d’une bombe qui va éclabousser de toute sa superbe noirceur l’arc-en-ciel du Flower Power.
Une pochette célèbre, sur laquelle figure une banane, comme une provoc gaiement et gayment phallique, avec une petite flèche invitant à peler délicatement le fruit défendu pour en savourer la chair oblongue... Une pochette signée évidemment Andy Warhol, et une galette de 11 titres, avec Venus in Furs, Heroin et Femme Fatale, qui s’ouvre sur une chanson évoquant l’attente du consommateur qui attend son dealer au coin de la rue: I’m Waiting for the Man.
Lou Reed - I'm waiting for the man
L’album sort trois mois avant le Sgt Pepper des Beatles et jette un froid dans l’insouciante «partouze pop» ambiante, les chansons désenchantées de Lou évoquent seringues, fouets et autres outrances speedées, toutes glanées dans le caniveau new-yorkais... L’aventure du Velvet durera 6 ans et produira 5 albums, tous quasiment ignorés à leurs sorties, sauf d’une poignée de fans. Lou Reed quittera même le groupe avant la sortie du 4ème album en 70, Loaded. Rien ne va plus entre chacun des membres aux egos affirmés, Lou frisant la bipolarité et devenant de moins en moins gérable, la messe est dite... Il faudra attendre les années 80 et le rôle majeur en France d’artistes comme Daho, Marc Seberg ou les Rita Mitsouko, pour que le Velvet soit enfin considéré comme un groupe aussi essentiel que les Beatles ou les Stones...
La carrière solo de Lou Reed va s’étaler alors de 1972 à 2011. Véritable caméléon, il va alors briller de toutes ses facettes pour signer des albums contrastés et livrer encore quelques beaux chefs-d’œuvre.
C’est en 1972 que sort son deuxième album solo, produit par David Bowie, qui va mettre Lou Reed en pleine lumière, lui qui va donner à travers la pochette de l’album Transformer un visage aux années 70: sexe gay, humour déviant, refrains en or et rock n’roll à paillettes, une légende est née... Vicious, Perfect Day, Satellite of Love, autant de titres qui envahissent les ondes, et puis surtout... Walk on the Wild Side.
Suivront 20 autres albums jusqu’en 2011. Des albums aussi imprévisibles que l’homme qui fait de la schizophrénie un art majeur, buveur de whisky un jour, gobeur d’amphétamines le lendemain, marié à une blonde incendiaire nommée Betty avant de filer le parfait amour avec Rachel, un travesti, se remarier avec une stripteaseuse et terminer sa vie avec la musicienne Laurie Anderson.
En 1973 et l’album Berlin, les fans se scindent en 2 groupes. Ceux fascinés par la noirceur et la sensualité morbide de l’album, et ceux, plus nombreux, qui détalent à toutes jambes. Lou Reed s’autoproclame artiste maudit, et jubile à l’idée de charmer ou choquer un public volage.
Pour surprendre encore et toujours, il sort en 1989 son album le plus vital et sexy depuis Loaded en 1970: New-York. Album suivi en 1990 par un nouveau chef-d’œuvre, Songs for Drella, hommage à Andy Warhol disparu trois ans plus tôt, album pour lequel il retrouve John Cale. Songs for Drella est une merveille d’empathie et de sobriété célébrant la mémoire de l’homme qui les tira tous deux de l’obscurité.
Lou Reed et John Cale - Slip away
Lou va ensuite sortir 5 albums jusqu’en 2007, dont l’intimiste The Raven en 2003, sur lequel on retrouve Bowie, clin d’œil d’un poète rock à Edgar Allan Poe.
En 2011, celui qui a été fait Chevalier des Arts et des Lettres par Jack Lang en 1992, et dont un astéroïde porte le nom, apprend sa maladie du foie. Il subit une greffe et décède des suites de complications le 23 octobre 2013 à l’âge de 71 ans. Curieuse ironie du sort, Bowie, son double lumineux, qui fut tant présent dans les pires moments, espèce d’amour-haine-amitié qui connaitra les disputes et même les coups, partira du même mal deux ans plus tard.
Alors que reste-t-il de cet artiste unique, surprenant et attachant? Des chansons, des airs et une intégrale de ses textes, Traverser le feu, sortie en 2008.
Une écriture fulgurante, brutale et perverse, mais raffinée jusque dans l’obscène... Des mots à l’image de l’ambiguïté de l’homme.
1982 - Le grand écart entre deux groupes - The Clash et Roxy music
The Clash - Roxy Music
Combat Rock - Avalon : 1982
Il y a mai 68 et mai 82, des révolutions dans la rue et d’autres en studio. Même si, sur la pochette de Combat rock, chacun regarde dans une direction différente, les garçons usinent de concert un rock pour le moins «combatif». En face, le visuel d’«Avalon» expose l’utopie artistique de Roxy Music, guerrier stylisé toisant l’infini, rêve de Brian Ferry. Côté Classe, les deux maintiennent un haut niveau «aristocratic’rock», tant par le look que l’attitude.
Côté musique, forcément… De nos jours, Should I stay or should I go passe en quasi boucle sur toutes les radios alors qu’Avalon se fait plus rare. En 1982, les ondes rock la casbah mais Roxy fait «plus que ça» avec More than this.
The Clash - Should I stay or should I go
Parallèlement, l’actualité franco-française oscille entre joie et tristesse, incongruité et vindicte. Une ordonnance instaure la durée des congés annuels à cinq semaines au lieu de quatre. Merci «Tonton»! Moins drôles, les attentats de la rue Marbœuf et de la rue des Rosiers. La bêtise n’a pas attendu le 21ème siècle. Étrange: l'Assemblée nationale vote la «dépénalisation» de l'homosexualité: c’était législativement répréhensible? Qu’en pense la Marie-Jeanne? Scandaleux! Lors de la coupe du monde de football en Espagne, à une agression prêt: le postérieur du goal allemand dans la calebasse du défenseur français, nous jouions la finale! Il faudra attendre 16 ans…
Roxy Music Avalon
Pendant que nos deux anglais discutent «chiffons», leurs tenues vestimentaires respectives tutoyant la perfection, les juke-boxes lâchent les fauves: Michael Jackson zombifie Thriller, Dire Straits fait l’amour hors Love over gold, The Cure tourne de la Pornography, Duran Duran visite Rio, Iron Maiden compte sur ses doigts The number of the beast alors que Led Zeppelin fait les fonds de tiroirs pour réhabiliter huit titres sur Coda. Voilà de bien belles oppositions de styles imageant à merveille celle de Roxy Music vs The Clash.
Si Avalon propose un voyage quasi astral, avec des nappes de synthé et des accords de guitares éthérés, invite au night clubbing, au monde clos des tops model gainés de soie, Combat rock n’est pas en reste, fourbissant des rythmes rock-dansants, du pogo au «Mia». Ce qui diffère radicalement, c’est le moyen d’expression musical suivi pour en arriver-là: six cordes et électricité gominée contre électronique et dandysme, «énergi’énervée» contre smoking amidonné. Y a-t-il un gagnant? Oui, nous! Irish coffee sur thé glacé!
"C’était de vrais punks qui se foutaient vraiment de qui ils choquaient. Jean-Jacques et Hugh étaient toujours odieux, parce qu’ils se disaient qu’ils devaient l’être. C’était par malice, pas par méchanceté. Dans le fond, Jean-Jacques était un doux, il venait d’un milieu protégé. Lorsque sa mère était là, il ne portait pas de cuir, il mettait un blazer."
Ian Grant, comanager des Stranglers entre 1976 et 1980
AC/DC - Joy Division - Rencontre sur une même platine
AC/DC - Joy Division
Back in Black - AC/DC et Closer Joy Division - 1980
En 1980, dans le milieu du rock, le noir et blanc est à la mode. Il faut dire que les faires parts de décès aussi, ceci expliquant peut-être cela, en tous cas pour ces deux albums. En février, Bon Scott, hurleur d’AC/DC, écrit la dernière page de son autodestruction. Ian Curtis, plus radical, autolyse son mal de vivre au mois de mai. Ainsi, fait exceptionnel, en juillet 1980, les albums respectifs d’AC/DC: Back in black, et de Joy Division: Closer, sortent tous deux alors que leurs chanteurs emblématiques ne résident plus sur la planète.
Pour Back in black, les comparses de Bon, éplorés, lui ont même déjà trouvé un remplaçant: Show must go on. Afin que nos deux récipiendaires se sentent moins seuls, d’autres illustres artistes et groupes on crevés les charts cette année-là, dont Bruce Springsteen, en canotage sur The river, Talking Heads à la lumière de Remain in light, The Pretenders avec un 1er Lp prétendant au Titre, et alors que Renaud Marche à l’ombre, Trust «antisocialise» sous Répression.
AC/DC - Have a drink on me
En 1980, l’actualité pleure tout autant qu’elle sourit, mêlant de concert deux guerres débutantes, celle d’Iran/Irak qui perdurera plusieurs années et celle dite «des Malouines» qui aboutira à la démocratisation de l’Argentine. Au Japon, Nintendo se la joue mondial en sortant le 1er jeu vidéo de poche: Game & watch. A Hollywood, Steve McQueen décède alors que Ronald Reagan devient président des USA: allez comprendre! En décembre, épitaphe à 1980, John Lennon est assassiné. En mourant, «The eternal» aurait dit : «Have a drink on me», nous ramenant à Closer et Back in black.
Joy Division - Isolation
Le Division expose un gothisme expérimental et dépressif scandé par des rythmes martiaux ou séquencés. La voix d’outre-tombe de Curtis y verse des larmes d’encre noire. En face, les accords rugueux «Marshallisés» des frères Young, Shake a leg sur les hurlements suraigus d’un Brian Johnson déchireur de tweeters. Closer véhicule un minimalisme déviant susceptible d’inspirer tous les équarrisseurs en activité où Back in black met le pied dans la porte, ouverture à tous les possibles. Plus en détail, se pourrait-il que Decades, dernier titre de l'album Closer, est inspiré une «épaule tatouée» chez notre Daho? Se pourrait-il qu’AC/DC est épuisé son inspiration dans Back in black?
Le hard rock et le post-punk, deux mondes parallèles insidieusement mêlés par ces deux Lps. Destinées croisées? Qui sait... Seule certitude: les albums qui génèrent ce type de secret, on les écoute encore.
1978 - Queen et Siouxsie Sioux - Improbable rencontre
« J’hume l’âge » musical de … 1978
Deux albums que rien ne réuni, à part peut-être l'année de parution … nous amène à respirer l’Albion au derniers tiers des 70’s.
Quel parfum, quelle fragrance!
1978 s’avère être un Grand Cru. Queen sort du multi platiné News of the world et l’ex fan des Pistols: Siouxsie Sioux, dégaine à son tour au sein des Banshees.
En novembre, la «débutante» et les «affranchis» se retrouvent autour de la presse à vinyle. En sort: The scream pour la Diva punk et ses portes flingues, Jazz pour la Reine. L’alentour musical n’est pas en reste. De fait, dans les charts, c’est carrément l’extase avec, notamment, Kate Bush et son Wuthering heights sorti de The kick inside. De leurs côtés, les Stones font de la résistance avec Miss you extrait de Some girls, Elvis Costello modélise l’année sur This year’s model, The Police clignote dans le projecteur d’Outlandos d’amour, Blondie trace la route via Parallele lines pendant que Patti Smith célèbre Easter. Panégyrique pour la pop et le rock, enregistrements aux contenus exemplaires.
Siouxsie and the Banshees - Jigsaw Feeling
En 1978, de par le monde, l’actualité sent la poudre, la colombe et le gasoil: des parachutistes français en mode «sauvetage» sautent sur Kolwezi, à Camp David, les israéliens et les égyptiens signent les bases d’un traité de paix pendant qu’au Vatican, Jean-Paul II monte sur le trône papal. En France, deux ans après le slogan: «On n’a pas de pétrole mais on a des idées», et histoire de contredire les gaulois, le supertanker Amoco Cadiz vient noyer les Cotes d’Armor sous le carburant. A présent, on en a aussi! Cette année-là, en Angleterre, la musique n’en manquait pas non plus.
Queen - Don't stop me now
Sur The scream, Siouxsie and The Banshees propose une sorte de mix entre du punk et du rock alternatif, un élixir démélodisé parfaitement imagé par le traitement infligé à la reprise d’Helter skelter. En fait, les mélodies véhiculées dans The scream, par exemple sur Jigsaw feeling ou Nicotine stain, sont à des miles de toutes celles modélisées dans les disques qui lui sont contemporains. A l’opposé, Queen use de toute sa musicalité pour matérialiser des sons qui flattent l’oreille, même si les chansons, à l’habitude du groupe, regorgent d’originalité . Au micro, Siouxsie synthétise Rotten/ Patti Smith et Iggy Pop, bien loin de l’étalonnage «héroicko-classique» du ténor Mercury. Associer ces deux pôles sur les ondes: quelle richesse! En 1978, si Bernard Hinault gagne son premier Tour pendant que Claude François passe le sien, on peut prédire qu’en matière de giration, sur les platines, ces deux galettes n’en finiront pas de tourner.
Dans la série: «J’hume l’âge» musical, abordons l'année 1979 du point de vue de deux étalons à franc succès. Pour cela, rendons nous en terre anglaise qui, en matière de pop ou de rock, présente des musiciens reconnus pour leurs capacités à «tourner rond».
En octobre 79, le Maître es pop Joe Jackson ciselle I’m the man au moment même où le rugueux Motörhead vomit Bomber. L’artiste et le groupe sortent chacun deux albums cette année-là.
Trop plein d’inspiration? Besoin de matière à proposer live?
Qu’en est-il de l’actualité musicale en cette fin des 70’s, est-elle de qualité? Prolifique, elle est prolifique ! Jugez du peu, entre autres The Cure sort Three imaginary boys, The Clash: London Calling, The Police:Reggatta de blanc, Supertramp:Breakfast in America, Pink Floyd:The wall et Mickael Jackson:Off the wall. Il y en a pour tous les goûts ou dégoûts! Du côté de l’actualité «sérieuse», ça rigole moins: victoire de la révolution iranienne, révolution sandiniste au Nicaragua et début du conflit Afghan, des fleuves de pleurs à venir. Par chance, la musique est tout sourire.
Joe Jackson - Geraldine and John
Suite au succès de son précédent Lp: Look sharp, en 1979, Joe Jackson est assurément «The man»! On your radio, Geraldine and John , le titre éponyme ou Don’t wanna be like that sont autant de perles pop ou power pop susceptibles de nacrer nos «coquilles d’huitre».
MotörHead - Stone Dead Forever
En face, après le décapant Overkill, Motörhead se devait de «lester» ses morceaux. En lieu et place, il blitzkrieg le public en le bombardant! Dead men tell no tales, Stone dead forever ou Bomber extrapole sur le thème de la mort pour faire vivre sa musique: pachydermique! Dentèle barbelée vs shrapnel ciselé ou même combat? Dans leur quête du Graal, les amateurs mélomanes choisissent bien plutôt les intentions que des genres musicaux. En matière de volonté et d’énergie, l’artiste et le groupe rivalisent, d’où cet engouement pour leurs productions respectives au bénéfice d’une écoute plurielle.
Parallèlement, fait marquant, Simone Veil devient la présidente du Parlement Européen. Une femme à ce niveau décisionnel? A cœurs vaillants, rien d’impossible! I’m the man et Bomber tournaient sur la même platine.