La plupart des personnes qui connaissent et apprécient Faith No More ont découvert le groupe via The real thing -1989 - un album ayant bénéficié de critiques dithyrambiques dans la presse spécialisée. Chose rare, il faisait l’unanimité! Les chroniques aboyaient:
«Il faut descendre des platines tout ce qui y tourne, transformer les autres CD en dessous de verres. Avec cet enregistrement, nous sommes en présence d’une épée, d’un «incontournable», le futur du rock!».
Comme tout bons moutons collant à leurs conditions, les acheteurs s’emparèrent de l’objet sans même en avoir entendu une note. Du coup, la première écoute en laissa plus d’un perplexe… j’en fis partie. A l’exception d’Epic , dont on s’entiche dès les premières mesures, les autres titres réclament un effort. Ce n’est pas qu’ils soient désagréables mais ils oscillent entre une sorte de hard rock intellectualisé et l’heavy métallisation d’un rock underground. Consensuel dans les médias, The real thing provoque des discussions musclées entre ses adeptes et ses détracteurs. Détaché des guerres partisanes, le plus grand nombre épouse l’avis avisé de la critique. Et puis le CD finit par une reprise de Black Sabbath: War pig . Alors, respectueux des institutions…
Faith no more - Epic
Le temps passant, la cire relevant la «Face», l’envie d’une galette tenaillant les tympans, on cherche à se procurer The real thing au format vinyle. Problème. Les 33 tours parus dans les années 90 sont difficiles d’accès, tant financièrement que matériellement, un grand nombre n’existant pas sous cette forme. «Qui veut, peut». En farfouillant sur le Net, la Foi déplaçant des montagnes: miracle! Justement, l’adjectif caractérisant le mieux le son du vinyle relève du miraculeux ! Est-ce le fruit d’un fantasme autour de la cire ou la réalité? En tous cas, à l’usage, les éventuelles critiques initiales sont balayées. Ce disque contient des saphirs, des rubis, des diamants! Attention: chef d’œuvre!
From out of nowhere, Surprise! You’re dead! Perles noires à la précision diabolique! Ce qui semblait gêner initialement, entre autre la présence envahissante d’un synthétiseur, génialise les compositions. A part égale, la guitare tranchante comme un katana, arme de distorsion massive aux mains d’un bretteur au look d’Attila, décapite tout sur son passage. Plus prosaïquement, la production est dynamique et nerveuse, du genre tendu, à cent coudées des productions calibrées de l’époque. Tel que gravé, ce sillon produit des excès de vitesse, des traces de gomme sur l’asphalte, des flammes au sortir des tuyères d’échappement: une pile atomique! Chaque écoute vous transporte vers des sphères où des bulles de soie multicolore, éclatent en shrapnels de dopamine, molécule du plaisir. The real thing? Une drogue dure.
Faith No More - War Pigs
Comment survivre à la fonte d’un pareil lingot, quelle suite lui donner? Il suffit de demander et Faith No More sculpte Angel dust (1992), une autre œuvre d’art. A classer une nouvelle fois parmi les incontournables. Encore plus barré que le précédent, il s’enlace aux âmes tels des brins d’ADN. Une paire de chaussons, ça n’est déjà pas donné, mais une triplette? Patience, patience… Dans l’immédiat, la livraison suivante: King for a day … fool for a lifetime (1995), est affadie par les querelles intestines. Les désaccords enveniment les relations et les Patton, Bordin et autre Gould tordent leurs partitions pour un résultat décevant. Renouer avec l’excellence leur demandera deux années de plus. La publication d’Album of the year (1997) provoque moult «cassages de gueule des chaises» d’où les «tombants» l’écoutent: sidérant! Pourtant, il s’agit d’un pur produit d’assemblages en studio. Lors de son enregistrement, aucun des musiciens ne se croisent. Ne pouvant plus se respirer, ils enregistrent leurs parties chacun dans leurs côtés. Une fois mixé, le disque Frankenstein clone son titre et devient véritablement un des albums de l’année. Malgré ce succès, irréconciliables, les musiciens se séparent. Faith No More ne revient qu’en 2005 avec Sol invictus, une pâte assez proche en qualité de ses trois extraordinaires aînés. Même si le charme est passé, ne jamais négliger les vieilles gloires. C’est dans les vieux pots…
Janvier 1975, Stiv Bators rencontre Jimmy Zero chez un disquaire de Cleveland. Tous deux fans d'Iggy & the Stooges, ils ont dans l'idée de monter un groupe. Quelques mois plus tard, ils font la connaissance de deux têtes brûlées qui jouent dans une formation locale nommée Rocket From The Tombs. Cheetah Chrome - guitare - et Johnny Blitz - batterie - ont un style et un look qui correspondent parfaitement au genre recherché: Stoogien.
Après avoir trouvé un nom de guerre, Frankenstein, et un bassiste, Jeff Magnum, les répétitions commencent. Zero est guitariste rythmique et Bators chanteur, le répertoire est composé de reprises des Stooges et de chansons de Rocket From The Tombs dont Sonic Reducer et Ain't It Fun que l'on trouve plus tard sur leurs deux albums studio. Leur philosophie est simple: «Fuck art, let's rock», tout un programme!
Frankenstein - Eve Of The Dead Boys
Au printemps 76, Stiv Bators se rend à New York où il rencontre Johnny Thunders et Joey Ramone. Ce dernier va avoir un rôle crucial dans l'évolution de Frankenstein. Il les invite à faire la première partie des Ramones et leur trouve un logement afin qu'ils s'installent définitivement à NYC. Dans la foulée, le groupe se rebaptise Dead Boys (tiré de leur chanson Down In Flames) et se fait remarquer par Hilly Kristal, le boss du CBGB's, à cause de leur attitude sur scène (en plus de leur musique punk passée au vitriol). En effet, Stiv Bators, ultra fan d'Iggy, s'inspire de son jeu de scène en allant toujours plus loin dans la déjante. Il joue avec des tampons périodiques usagés, fait le salut nazi et se fait faire des fellations (vraies ou fausses) par des fans. Kristal devient leur manager, leur trouve un deal avec Sire Records et les met en contact avec la productrice Genya Ravan qui va se charger de leur premier album Young Loud and Snotty. Genya est connue sous le pseudo «Goldie», chanteuse R&B des Escorts et de Goldie & the Gingerbreads dans les années 60.
Les choses débutent de façon chaotique car les Dead Boys, à l'instar d'autres groupes de l'époque, aiment jouer avec les visuels communistes et nazis. Jeff Magnum porte souvent un t-shirt avec marteau et faucille tandis que Stiv Bators fait plutôt dans l'aigle du IIIème Reich. Problème, Genya Ravan est d'origine polonaise et une partie de sa famille est morte dans les camps de concentration. Le groupe doit alors laisser les swastikas au vestiaire, condition sine qua non pour que le travail ait lieu. L'album est enregistré en quelques jours, et le résultat est assez incroyable. Genya Ravan a su transposer sur bande toute la folie des Dead Boys sur scène, les guitares sont percutantes, Bators déchaîné, et l'ensemble sonne différemment de ce qui se fait à New-York à cette époque. On est très loin de Television et Talking Heads et un ton au dessus des Ramones et des Heartbreakers question agressivité et vitesse d'exécution.
Dead Boys - Sonic Reducer
Le résultat est très bon, mais au bout de quelques temps, les ventes ne décollent pas, tout au moins pas assez pour Seymour Stein, le boss de Sire Records. Il va falloir défendre ce disque, et pour ça rien de mieux que la scène, jouer, jouer et jouer encore. Outre leurs nombreux passages au CBGB's (devenu en quelques sortes le QG du groupe), les Dead Boys partent fouler les planches aux quatre coins des States et même au-delà à partir d'Octobre, mois de sortie de l'album: San Francisco (Old Waldorf), Toronto (Crash n'Burn), Boston (Rathskeller), Hollywood (Starwood), puis l’Écosse et l'Angleterre où il partage l'affiche avec les Damned.
Dead Boys - Search and Destroy
Sire Records n'est toujours pas satisfait des ventes du disque et exige que le groupe change d'image. Plus de t-shirts déchirés, plus de provoc' avec les croix gammées ou l'URSS, et surtout plus de punk-rock, le son du nouvel album doit être différent, les chansons aussi.
Après une année 77 bien chargée, les Dead Boys débutent 78 en répétant de nouveaux titres pour le prochain album, We Have Cum For Your Children. Au printemps, Johnny Blitz est gravement blessé lors d'une attaque au couteau. Pour couvrir les frais d'hospitalisation, le reste du groupe organise des concerts de soutien début Mai, toujours au CBGB's, en compagnie d'amis tels que John Belushi, les Ramones, Debbie Harry, Richard Hell, Jerry Nolan et bien d'autres.
Concert de soutien 7 Mai 1978 CBGBs
L'album sort en Juin, produit par Felix Pappalardi, qui a travaillé entre autres avec Cream, il sonne plus propre, même si les chansons dans leur ensemble restent du punk-rock de très bonne qualité. Un son moins agressif, une image plus clean (voir la pochette de l'album) et cette reprise des Rolling Stones, Tell Me, plus ou moins imposée par la maison de disque, tout cela pèse sur le moral du groupe. De plus, le temps que Johnny Blitz se remette de ses blessures, aucun concert n'a lieu. La pression monte, Cheetah Chrome, sans concession, s'oppose à Stiv Bators qui serait prêt à mettre un peu d'eau dans son vin.
Dead Boys - tell Me
Les Dead Boys finissent par mourir une première fois courant 1979, puis se reforment, par obligation car ils doivent un troisième album à Sire Records. Fermement opposés à retourner en studio, ils enregistrent un concert au CBGB's au cours duquel Bators chante délibérément à côté du micro afin que les bandes soient inutilisables. Cet enregistrement finit toutefois par sortir en 1981 sur le label Bomp aux USA et en 1984, en France sur Lolita (FGL). Pour que le disque sonne correctement, les parties vocales sont refaites en studio.
Dead Boys - I won't Look back
Au milieu des années 80, le groupe se réunit de nouveau mais cette fois sans Jeff Magnum. Le 26 Décembre 1987, il joue au Ritz de New York, la performance est bonne, mais la folie des débuts a disparu, comme en témoigne le double LP Liver Than You'll Ever Be.
Dead Boys - Ain't it fun
Après s'être fait renversé par une voiture, Stiv Bators décède dans son appartement parisien le 4 Juin 1990. En 2004, le reste du groupe lui rend hommage sur scène avec Cheetah Chrome comme guitariste chanteur, un perfecto est posé sur un pied de micro au centre de la scène à la place de Bators. Même chose en 2005 pour un concert de soutien au CBGB's, menacé de fermeture.
Dead Boys - Sonic Reducer - Live 2005
En 2017, pour les 40 ans du premier LP, Cheetah Chrome et Johnny Blitz se réunissent à nouveau. Ils empruntent le nom des Dead Boys sans que Jeff Magnum ni Jimmy Zero ne soient de la partie, d'autres musiciens assurent le job pour une tournée et un album intitulé Still Snotty : Young Loud and Snotty At 40.
Dead Boys - Still young ans Snotty
Sur disque, les deux incontournables sont les albums studio Young Loud & Snotty et We Have Come For Your Children. Côté live, The Return Of The Living Dead Boys (Revenge Records) est plus excitant, plus brut que Night Of The Living Dead Boys (Bomp), les deux ayant un très bon son. Eviter Twistin' On The Devil's Fork, compilation de titres enregistrés au CBGB's en 77/78 et dont le son est boueux à souhait. Pour les complétistes, il existe des versions Rough mixes des deux albums, intitulés Younger Louder & Snottier et 3rd Generation Nation. Le premier étant nettement plus intéressant que le second. Enfin, au niveau visuel, le DVD Live at CBGB's sorti en 2004 permet de se rendre compte de la haute énergie du groupe sur scène.
Multipliant les enregistrements studios, espérer résumer en quelques lignes la carrière discographique de Neil Young relève d’une gageure. Pour ce ténébreux auteur compositeur interprète canadien, l’exhaustivité renvoie directement à Une autobiographie, pavé de 450 pages sorti en 2012. Et encore! On y aborde quantité de sujets, dans le désordre: enfants handicapés, trains électriques, système de lecture numérique... mais peu ce pourquoi des millions de fan le suivent: sa musique et ses disques.
Comment vient-on à Neil Young?
Un article dans une revue? Un 33 tours chez un disquaire? Le bouche à oreille? Un poster punaisé au mur chez un copain? Un bouquin «presse purée» de trois mille pages du type : «les 850 fantastiquissimes albums à aligner dans sa discothèque»?
Pour ma part, au lycée, par le biais d’une ravissante baba cool croisée: On the beach (1974), sur un piquet de grève. Dès la première écoute, on ne peut que désirer se procurer ce disque, de préférence l’exemplaire dont le fourreau qui recueille le vinyle adopte le motif imprimé sur les sièges et le parasol de son visuel. «Quid du rôle de la pochette dans le désir qui guide la main de l’acquéreur?», forcément, la question ne se pose pas pour les CD. Quant au format mp3, n'en parlons pas - Pff.
Neil Young - Revolution Blues
L’intérêt de cet Lp vient de sa diversité, de quoi se faire une idée précise sur les différentes approches musicales plébiscitées par le personnage. En Face A, on débute avec Walk on - Chanson sautillante et enjouée, See the sky about to rain - Chant sépia, piano électrique et pedal steel pour souffle country, Revolution blues - Rock stonien comportant un superbe solo de guitare, For the turnstiles - Plus intimiste avec deux guitares acoustiques, parfois jouées slidly, un banjo, un harmonica et un chant écorché au service du blues, et enfin Vampire blues - Blues rythmé façon ragtime.
Mais le clou du spectacle est gravé sur la Face B. On l’adore ou on l’abhorre. L'interprétation est évidemment fonction de l'émotion. Soit votre thymie ne vous pose aucun problème et vous la considérez toute de délicatesse, soit vous n’attendez que la corde pour vous pendre et vous la vivez désespéré. Cette face B ne comprend que trois titres. Ils sont lents, psalmodiés sur le mode du repentir; souligné d’une guitare sidérale pour Motion picture. Une plume blanche glisse lentement sur une pièce de velours bleu. Chanson à vivre au soleil , ou sous un ciel d’acier... dans les deux cas, l'émotion est palpable
Neil Young - Hey hey, my my (into the black)
Côté voix, Neil Young est reconnaissable dès les premières notes. Pourtant canadien, la patate chaude qu’il mastique clame: «USA!». Est-ce cette brûlure qui l’emporte vers la fausseté? Pourtant, lorsqu’on entend son travail chez Crosby, Stills, Nash & Young, ces chœurs harmonisés de toute beauté, on s’explique mal ces écarts de justesse en solo. Lorsqu’il force sur ses cordes vocales, il en va tout autrement. Ainsi, sur cet enregistrement studio factice: Rust never sleeps (1979), qui relève en fait de prises de son live desquelles on a effacé les spectateurs, sur Hey hey, my my (into the black) qui clôt l’album, lorsqu’il clame haut et fort: "This is the story of Johnny Rotten... rock & roll will never die", les notes et les mots sonnent justes. Décider à défendre une cause, The Loner, surnom qu’on lui attribue en lien avec sa propension à se la jouer seul, et malgré son travail perdurant depuis des années avec le groupe Crazy Horses, trace droit dans l’obstacle! Il serait trompeur de limiter Mr Young à son plus grand succès: Harvest, et son célèbre : Old man. Le musicien présente d’autres facettes! Proclamé (mais par qui ?) "Parain du grunge", il s’associe à Pearl Jam le temps d’un album: Mirror ball (1995), où … il fait du Neil Young. «STOP !!!», encore une fois, il y a trop à écrire. Juste une dernière chose: qu’en est -il en live ?
Neil Young - Old Mann
Neil Young en concert - 06 juin 2013
Je vois Neil Young and Crazy Horse pour la première fois le 6 juin 2013 au Palais Omnisport de Bercy. L’âge n’a pas de prise sur cet homme et ses acolytes. Comme les bordeaux Grand Cru Classé, ils se bonifient avec l’âge. Assister à ce show relève de la dégustation.
Le concert est un paradoxe. Un côté tempétueux parsemé de zéphyrs, un cataclysme bruyant bercé d’apaisements. Les artistes jouent à fort volume des morceaux parfois à la limite du hard rock et c’est pourtant comme la mousse du bain, la caresse du «doudou» sur la joue, la plongée dans l’inconnu associé au déjà-vu. Incroyable, stupéfiant! Orchestralement, nous avons droit à du piano bastringue, de l’harmonica, de la guitare acoustique, de la rugueuse rapière électrique, beaucoup. Côté reprises, Mr Dylan est visité avec Blowin’ in the wind. Une seule reprise? A la fin d’un morceau, nous sommes gratifiés d’une dizaine de minutes de larsen et autres vrombissements d’amplis. Une partition de basse et de batterie est adjointe. Dans la salle, des sifflets commencent à résonner qui proviennent d’incultes, de sots ignorants des choses de la musique. Ils passent à côté de la magistrale interprétation/réorchestration du morceau de la Face C du Metal machine music (1975) de Lou Reed. Neil Young reprenant du Lou Reed... Sublimissime.
I Fought the Law - Sonny Curtis - Bobby Fuller - The Clash
I fought the Law
I Fought the Law - De Sonny Curtis au Clash
I Fought the Law, un incontournable, le genre de titres qui ont la vertue de vous chatouiller agréablement les oreilles. L’histoire d’un mec qui casse des cailloux au soleil et qui se rend bien compte que sa love story avec sa petite amie est compromise, après que son attaque à main armée ait foiré, couplé avec cette phrase répétitive, tel un gimmick: I fought the law and the law won - j’ai combattu la loi et la loi a gagné.
Cette chanson a tout d'abord été composée par Sonny Curtis, en 1958, mais elle ne fut jamais jouée en radio, et par conséquent resta quasiment inconnue. C’est en 1964 que tout va changer, lorsque Bobby Fuller et son groupe l'enregistre, devenant ainsi un hit national. Il fera la même année son entrée dans le billboard, à la 9 ème place.
Bobby Fuller Four - I fought the Law 1966
Bobby Fuller ne profitera pas de ce succès: il sera retrouvé asphyxié dans la voiture de sa mère, garée sur un parking. La police conclut à un suicide, mais les soupçons de meurtre persistent... Boby Fuller n'avait que 23 ans.
La reprise du Clash
The Clash ont repris ce titre sur un EP intitulé The cost of Living et dont la pochette est assez... déconcertante. Elle n’aurait pas dépareillé sur un paquet de lessive, non ?
The Clash - The Cost of living
Ce titre date du 11 mai 1979, le groupe décide de le reprendre après qu’ils aient entendu la version de Bobby Fuller sur un Juke-box. Ils changèrent une phrase, "I left my baby" devint "I killed my baby". Leur version sortit également aux USA, avec White “Man In Hammersmith Palais"en face B. Notons également qu’elle cloture le film Rude Boy, sorti en 1980.
The Clash - I fought the Law
Mais Bobby Fuller ne fut pas seulement l’homme d’un seul hit. Il a également composé un titre qui a connu une adaptation en français : Ne joue pas.
Boby Fuller - Let her Dance (L'original)
Et là, une petite pépite ultra-rare :
Dougherty et Caroline (Les Calamités) - Ne joue pas - (La reprise)
Le Punk: les anglais ouvrent le banc … réellement?
Punk est le titre d’un fanzine américain fondé en 1975. Les passionnés qui œuvrent à sa destinée sont les premiers à plébisciter le CBGB comme scène musicale populaire et, surtout, à utiliser le terme de Punkrock dans ses publications. En fait, il s’agit d’un construit lexical élaboré quelques années plus tôt par les journalistes du magazine Creem. Les médias spécialisés du monde entier s’emparent alors de l’expression pour qualifier les nouveaux groupes associés musicalement à ceux qui sont considérés comme la base du mouvement: Stooges, MC5 et New York Dolls. Un journaliste, célébré pour sa liberté d’esprit, en fera bon usage dans ses chroniques, celui-là même qui figure comme mentor du postulant rock-critick dans le film Almost famous: Lester Bangs. Alors, anglais le Punk? Et bien oui. Dans la petite histoire qui précède, il est question de punk rock. D’où la conclusion suivante: si le punk rock est américain, le punk, lui, est anglais.
Aux States, justement, dès 1976 Ramones synonymise le punk rock. Le 1er Lp des new-yorkais est coproduit par Craig Leone et Tommy Ramones, le premier étant un compositeur arrangeur reconnu qui, outre avoir participé aux destinés sonores des disques de Blondie ou de The Fall, a produit le 1er et polémique biscuit de Suicide. Pour Ramones, le son est rachitique. Un pépiement d’oiseau pour représenter une musique sans fioriture, radicale. Passé l’impression de «pet de loutre», l’auditeur entre dans les pas du groupe. Le minimalisme au service d’une musique bio?
Un choix tout à fait approprié. Tommy ayant validé cette option, on peut raisonnablement écrire:
Punk Rock = 1, Producteur = 1/2.
Ramones - Blitzkrieg Bop
Un peu plus à l’Ouest, du côté de Cleveland – Ohio, Dead Boys propose une approche sensiblement différente du genre, tout autant au niveau du son que de la forme. Young loud and snotty, si ce n’est le chant dégingandé de Stiv Bators, pourrait passer pour un disque de hard rock. A la console, on trouve une femme: Genya Ravan. Emigrée polonaise, dont la famille a été décimée par l’Holocauste, elle parvient jusqu’aux States où les 60’s la voient revêtir les traits d’une égérie. Elle chante dans un groupe signé sur ATCO, la filiale rock du label Atlantic records, gage de qualité. Pour ce 1er album des Dead Boys, elle concocte un son percutant, net, sans bavures où les guitares conservent des parties solo, contrairement aux Ramones. Trop heureux d’avoir un 33 dans les bacs, et malgré une réputation de bad boys, il est probable que les musiciens aient laissé la Dame gérer « l’emballage ».
Punk Rock = 1/2, Productrice = 1.
Dead Boys - Sonic Reducer
Comptant en son sein deux ex New York Dolls, les toxiques Johnny Thunders et Jerry Nolan, The Heartbreakers sort un album culte au titre élaboré sous forme d’acronyme, pour ne pas choquer: LAMF(Like a motherfucker). Le son ratatiné de ce disque est une énigme. Qui a osé? Lorsqu’on creuse la légende, on trouve d’abords Mike Thorne sur le projet. On l’a vu précédemment (CF la 1ère Partie de Punkitude), il a produit formidablement le 1er Lp de Wire. Il ne peut donc être à l’origine du ratage. Un autre nom arrive aussitôt: John Speedy Keen, résident d’un groupe de rock puis multi instrumentiste de studio. Musicien compétent, producteur «con pétant»? Peut-être, mais un autre paramètre est à prendre en compte: le mixage final. Il est question d’un Walter Lure, seconde gâchette du combo, mécontent du traitement accordé à son instrument, qui remixe les bandes la nuit, en solo, la veille du mastering. On en restera-là. Subsiste un bouquet de chansons punk mètre étalon.
Punk = 1, Production = 0.
Johnny Thunders and The Heartbreakers - Chinese Rocks
Television: groupe punk? Groupe punk rock? Quoi qu'il en soit, groupe rock! Quant au son de Marquee Moon… un joyau! A l’origine de la taille, on trouve l’orfèvre Andy Johns. Ce nom vous dit quelque chose? Il est le frère cadet de Glyn Jones, ingénieur du son sur des petites choses comme Led Zeppelin, Jimi Hendrix, The Who, les Stones! Déjà, de ses parents naviguaient autour d’Humble Pye ou de Jack Bruce (ex Cream). Andy Jones, un initié, un homme du sérail ! Lorsqu’on écoute cette perle d’album, on n’en doute pas un instant. Tous les instruments sonnent clairs comme de l’eau de roche. Et Tom Verlaine&Richard Lloyd dans tout ça? Hommes de caractère, il est plus que certain qu’ils ont participé à l’enfantement du bébé. L’osmose de leurs jeux en rythmique ou leurs échanges en solos votent pour.
Rock (punk rock) = 1, Producteur = 1.
Television - Torn Curtain
Mais il n’y a pas que les USA dans le monde. En 1977, que se passe-t-il du côté de la Tasmanie? Les mèches sont allumées et le punk rock de The Saints alimente le canon. Sur les terres australes, pas besoin de gaz à effet de serre pour perforer la couche d’ozone, (I’m) Stranded tire à boulets rouges sur tout ce qui bouge. Pourtant, le son du vinyle sent l’éteignoir, les instruments sont tout juste définis, les reliefs sont érodés. Ce son voulu est pensé par un des plus grands producteurs australiens: Mark Moffatt, qui émigre à Nashville où il œuvre dans le blues rock par la suite avant d’être nominé aux Grammy Awards (en 2000), associé à une figure du rock local: Rob Coe. (I’m) Stranded fait-il l’unanimité chez les punk’s addicts... Et comment! Preuve que le son n’est pas tout, que l’âme et l’engouement comptent également. Dernier point : l’Australie punk ou punk rock? En tant qu’ancienne colonie britannique: punk!
Du coup, Punk = 1, et, pour avoir su respecter « l’esprit », Producteur = 1.
The Saints - Stranded
Nous voilà rendu à la conclusion de cette deuxième partie: Punk et son monde.
1ère constatation, le décompte des points :
Punk et/ou Punk Rock = 4 ½, Producteurs = 3 ½.
Le résultat est identique à celui des anglais. Il semble donc que les apprentis musiciens aient eu les coudées franches pour coucher sur cire ce qui trottait dans leurs instruments. Me pardonnerez-vous si je pense que les producteurs ont quand même joué un rôle déterminant dans le succès qui glorifia le mouvement jusqu’à ce jour? Reste qu’ils sont beaux, qu'ils sont bons ces dix 33 tours passés au laminoir par l’enquêteur. Et dire qu’il en existe des centaines d’autres…
Nés sous l’étiquette No Futur, et perdurexister quarante ans plus tard… plus qu’une réussite musicale, en musicologie, on appelle ça une part d’Histoire.
1971, Johnny Volume intègre un groupe de New York, Actress, composé de Rick Rivets, Arthur Kane et Billy Murcia.Rivets a l'idée d'enregistrer une répétition, afin de voir comment le groupe sonne. Johnny Volume est alors guitariste et chanteur.
New York Dolls - I am conpronted
Plus tard, il change son nom en Johnny Thunders. Dans le courant de la même année, le groupe se rebaptise The Dolls puis The New York Dolls et recrute un chanteur, David Johansen. A cette époque, le répertoire est composé de quelques titres amenés par Johnny Thunders et de reprises de R&B. Leur premier concert a lieu fin 71.
Début 1972 Rick Rivets est remplacé par Sylvain Mezrahi qui devient Sylvain Sylvain. En Mai et Juin, ils jouent au Mercer Arts Center de New York et sont remarqués par le producteur Marty Thau qui leur permet d'enregistrer neufs titres aujourd'hui disponibles sur l'album Lipstick Killers. Ils continuent à jouer régulièrement dans ce club, ainsi qu'au Max's Kansas City, jusqu'au départ en Angleterre, en Octobre.
The New York Dolls - Don't mess with cupid
Arrivés chez sa Majesté Elizabeth II, les Dolls enregistrent une maquette démo aux Escape Studios (disponible sur le CD Private World) puis s'engagent dans une tournée en première partie de Lou Reed qui les amène à Liverpool, Birmingham et Londres où ils jouent avec Pink Fairies et The Faces. Une partie du public les déteste, leurs jette des objets dessus et les traite de «tapettes». Ambiance!
Alors que Marty Thau négocie un contrat avec le label Track, le batteur Billy Murcia décède dans la nuit du 6 au 7 Novembre 1972 et tout est remis en question. Le reste des dates anglaises est annulé, tout le monde rentre à New York.
The New York Dolls - seconde démo USA 1972
En décembre ont lieu des auditions pour la place de batteur. Peter Criss (Kiss) et un certain Marc Bell (Marky Ramone) passent le test mais c'est finalement Jerry Nolan qui remplace Billy Murcia. En Janvier et Février 73, de nombreux concerts ont lieu au Max's Kansas City et au Mercer Arts Center, ainsi que dans un club de Manhattan appelé le Kenny's Castaway. Le groupe joue également à Boston puis enregistre une nouvelle maquette début Mars. 23 chansons sont mises en boîte aux Planet Studios, disponibles aujourd'hui sur divers albums tels que Seven Day Weekend (incomplet), Private World (complet), Endless Party (incomplet), A Hard Day's Night (incomplet).
The New York Dolls - 1973 Private wor
Toujours en Mars, ils signent avec Mercury pour deux albums. Le premier, produit par Todd Rundgren sort au mois de Juillet. Dans la foulée débute une tournée US/Canada qui passe par le Whiskey A Gogo de Los Angeles, Dallas, San Francisco, Houston, Memphis, Detroit, Atlanta, Toronto et St Louis. En fin d'année, nouvelles dates en Angleterre avant de passer par la France. Un concert a lieu à Radio Luxembourg, Paris, le 1er Décembre (diffusé en 74). Disponible aujourd'hui sur les albums Paris Le Trash, Paris Burning,From Paris With Love (L.U.V.). Suivent des dates en Allemagne (dont un passage TV à Musikladen), en Belgique et en Hollande avant de rentrer aux States pour quelques dates supplémentaires.
New York Dolls - Jet Boy
Janvier/Février 1974, nouvelle session studio (démo) puis enregistrement et sortie du deuxième album, Too much Too Soon suivi d'une nouvelle tournée aux USA, au Canada et de nouveau en Angleterre, jusqu'en Décembre. C'est au cours de cette année 1974 que les Dolls font la connaissance d'un anglais venu promouvoir les fringues qu'il crée avec sa femme. Malcolm McLaren est un excentrique un brin mytho et le groupe accroche de suite. Dès qu'ils le peuvent, ils l'emmènent avec eux en soirée et deviennent quasiment amis au point de lui confier la tâche de «manager» début 1975. Changement de look, fini les vêtements de «poupées», désormais l'image est encore plus provoc', vinyl rouge et drapeau de l'URSS. Seulement cela ne va pas plaire à tout le monde et certaines salles refusent de faire jouer le groupe. Malgré cela, des concerts ont lieu aux clubs My Father's Place et Little Hippodrome de NYC, ainsi que dans la région.
Skotti Fletcher- Red Patent Leather (New york dolls)
La santé de Kane et Nolan se dégrade. Arthur «Killer» Kane, alcoolique, doit suivre des cures de désintox, il est parfois remplacé par Peter Jordan et Jerry Nolan, héroïnomane, laisse occasionnellement son tabouret de batteur à « Spider » du groupe proto-punk Pure Hell. McLaren organise une tournée en Floride qui débute fin Mars. Après une poignée de dates, Johnny Thunders et Jerry Nolan plaquent le groupe et rentrent à New York début avril pour former les Heartbreakers avec Richard Hell qui vient de quitter Television.
La tournée doit continuer, les Dolls trouvent un batteur et le guitariste Steven Duren (Blackie « Lawless ») qui remplace Thunders. On le retrouve plus tard dans the Killer Kane Band avec Arthur Kane puis dans WASP. En Juillet, McLaren a quitté le navire, rentré à Londres il va s'occuper des Sex Pistols. Des musiciens sont auditionnés et la formation comprend désormais David Johansen, Sylvain Sylvain, Peter Jordan (basse), Tony Machine (batterie) et Chris Robinson (claviers). Ils s'envolent pour le Japon début août pour quelques concerts avant de revenir jouer aux USA jusqu'en Décembre.
New York Dolls - Frankenstein
En Mars 76, Johansen et Sylvain décident de rebaptiser le groupe The Dolls et débutent une nouvelle tournée des States qui se termine le 30 Décembre au Max's Kansas City. Il s'agit du dernier concert de ce qui reste du groupe original, avant la reformation.
En 2004, un de leur plus grand fan et ancien président du fan club anglais, Morissey (The Smiths), réussit à les convaincre de remonter sur scène. Les trois survivants David Johansen, Sylvain Sylvain et Arthur Kane acceptent de se produire au Royal Festival Hall de Londres pour deux concerts qui ont lieu les 16 et 18 Juin 2004. Ils sont accompagnés de Steve Conte, guitariste de Michael Monroe (le groupe du chanteur d'Hanoï Rocks), Brian Koonin aux claviers, ancien musicien des précédents groupes de David Johansen (Buster Poindexter et David Johansen and the Harry Smiths) et Gary Powell à la batterie (Libertines, Dirty Pretty Things). L’événement sort en DVD la même année.
The New York Dolls - Subway Train
Après ces deux dates, Arthur Kane rentre à Los Angeles, il se fait hospitaliser suite à une grippe et une très grande fatigue. On lui diagnostique une leucémie, il décède le 13 Juillet 2004.
Les New York Dolls décident finalement de continuer et sortent un nouvel album en 2006 One Day It Will Please Us To Remember Even This, puis un autre en 2009 Cause I Sez So et un dernier en 2011 Dancing Backward In High Heels. Profitant du come-back, Sony Music sort un CD Live At The Filmore East en 2008.
Aujourd'hui, le groupe n'est plus actif, Sylvain Sylvain tourne toujours et a organisé un concert Tributeau Dolls en 2017 avec des invités tels que Lenny Kaye et Walter Lure.
"Je crois qu’en province, ce qui a enormément popularisé le Punk, c’est le groupe The Clash avec tout ce côté gauchiste. Le public pouvait s’y retrouver, ça rassurait beaucoup plus que les sex pistols "
Avant 1981, la radio était un monopole d’Etat en France. Dans l’hexagone, on ne pouvait capter que les chaînes de service public et les radios dites «périphériques» émettant de pays proches: Radio Luxembourg (RTL) , Europe n°1 (Europe 1) et Radio Monte Carlo (RMC).
Bravant le monopole, un peu partout sur le territoire, fleurissaient, depuis les années 1970, des radios libres, locales, n’ayant ni autorisation d’émettre, ni fréquence attitrée. Appelées aussi «pirates», certaines ayant émis de bateaux stationnant dans les eaux internationales. Ce fut le cas de la fameuse et très rock Radio Caroline, émettant d’un rafiot en Mer du Nord, captée notamment du Nord Pas-de-Calais aux côtes normandes et évoqué avec beaucoup d’humour dans le film Good morning England
Interférences, BD signée Jeanne Puchol au dessin et Laurent Galandon au scénario nous conte en un flash-back, à travers la fictive Radio Nomade, l’histoire mouvementée de Pablo et Alban qui vont défier la censure pour faire vivre leur modeste radio libre parisienne. Bien qu’issus de milieux très différents, les deux jeunes gens vont se découvrir une passion commune pour la radio, moyen d’échapper à leur quotidien. Rencontrant un ex animateur de radio pirate britannique, ils bricolent un émetteur de fortune qu’ils embarquent dans un combi Volkswagen. Alban est le plus politisé, Pablo ne rêve que de musique et d’évasion… Tous deux se lancent dans une aventure dont les conséquences les dépassent un peu et qui pourrait bien mettre à mal leur amitié…
Au-delà de l’histoire, la précision du dessin restitue l’ambiance, tandis que le récit, bien documenté, rappelle la partie de cache-cache avec la police, les camions gonio chargés de repérer et brouiller les fréquences qu’ont connu toutes les radios libres. La répression disproportionnée s’abattant sur ces jeunes gens, dignes héritiers de l’esprit de liberté de mai 68 et suspectant tout ce qui portait jeans et cheveux longs en écoutant des musiques jugées subversives ne s’arrêtera, pour les radios libres, qu’en 1981 avec la libération des ondes, bouleversant totalement le paysage audio français.
"L’opinion pensait que les hippies étaient de dangereux communistes parce qu’ils rejetaient l’idée même de gagner de l’argent. Mais ce n’est pas ça. Ce que nous refusions, c’est l’inégalité insupportable entre ceux du fond et ceux qui sont tout en haut" - 1993