En 1976, la Rock Music, c'était du sérieux. Du lourd. Led Zeppelin venait de sortir un double album indigeste, Mike Oldfield une suite orchestrale de quarante minutes et John McLaughlin autre virtuose de la guitare, intimidait toute une génération. Et voilà que débarquent de NYC quatre crétins fiers de l'être avec leurs gueules d'idiots et leurs chansons débiles de dessin animé. Ils criaient à l'unisson «Hey Ho, Let's Go !» ou «Gabba Gabba Hey !». 1234 ! Suivez mon regard...
Mais qui sont ces types? Quatre abrutis habillés pareil devant un grillage: vieille coupe Beatles, Perfecto, T-shirt blanc minable, jeans troués aux genoux, baskets élimées. En clair, quatre jeunes gens totalement irrécupérables qui par dépit se retrouvent ensemble avec des instruments entre leurs mains...
La première fois qu’on a tous écouté le premier album des Ramones...tous pareil. Quatorze fois la même chanson d'une minute quarante-cinq, le même accompagnement accéléré et bourdonnant, la même voix de Donald, c'était du foutage de gueule. Blitzkrieg Bop, on aurait dit une nouvelle marque de chewing-gum.
Ramones Blitzkrieg bop
Les Ramones ont fait tomber les murs: du solennel, du crédible, de l'authentique. Avec leur insolence, leur je-m'en-foutisme, leur nihilisme, ils ont ramené le rock en enfance. Ils ont fait hurler les grands: ceux qui vénéraient les grands génies de la musique, comme Santana et Pink Floyd, ceux qui ne juraient que par les Stones, parce que ça, c'était du rock, du vrai.
Tous, ils ont dit : «Vade rétro !»
La presse rock dénonçait l'arnaque: les Ramones étaient des branleurs, des tocards, un cartoon sur pattes, un boys band avant la lettre, un pois chiche à la place du cerveau. Bon, c'était vrai. Mais, désolé, Messieurs les journaleux, ce sont eux qui avaient raison.
Qui étaient les Ramones? Jeff, dit Joey, un asocial schizophrène souffrant de toc passé par l'hôpital psychiatrique et qui squattait une galerie d'art gérée par sa mère. Doug, dit Dee Dee, le plus dangereux de la bande, un ado immature, junkie, fils de militaire à qui son enfance en Allemagne de l'Ouest avait tapé sur la tête, qui collectionnait les poignards et avait fait de la taule. Johnny, un dur à cuir violent, une petite frappe autoritaire qui travaillait sur des chantiers, qui reniflait de la colle et des produits solvants, et enfin il y avait Tommy, un asocial qui ne laissait personne entrer chez lui, celui grâce à qui l'édifice a pu tenir en place. De ce casting improbable et de ce tout merdier indescriptible: Qu’en est il sorti ?
Certainement une catastrophe sur le plan humain et l'un des plus grands groupes de l'histoire du rock !
Sans ces quatre-là, pas de Sex Pistols, pas de Clash, et pas de punk rock.
Gabba Gabba Hey!
En matière de Hard Rock, beaucoup "d’experts" affirment effrontément qu’il s’agit du groupe par lequel « tout commence. De fait, Deep purple in rock engage bruyamment la chose. Ce disque a été moult fois disséqué et opposé au 1er Lp éponyme de Black Sabbath comme initiateur du genre. Il apparait nécessaire de prendre de la distance avec cette habitude qui consiste à toujours vouloir tout comparer, surtout ce qui ne peut l’être. Même «genre» de groupes, certes, mais approche musicale différentes: Black Sabbath initiateur du Heavy Metal?
Come taste the band sort à la période communément appelée Mark IV (David Coverdale - chant, Glenn Hughes - basse & chant, Tommy Bolin - guitare, Jon Lord - claviers, Ian Paice - batterie). On ne le sait pas encore mais le moment est proche où le Deep Purple des années 70 jettera l’éponge. Il renaît en 1984 avec Perfect stranger pour un hard rock de facture moins originale.
En 1975, la musique du groupe prête à danser. Une base de hard rock, une pinte de blues et de soul, une goutte de funk et, sous-jacent, un saupoudrage de musique classique. Coverdale et Bolin sont les bluesmen: une voix grasse pour un chant à gorge fermée, rugissement de fauve blessé pour l’un et son de guitare noyé d’effets plutôt slidy pour l’autre.
Parenthèse: Bolin n’est ici que l’ombre de ce qu’il fut à ses débuts, lorsqu’il affutait des blues céleste avec Zephyr. Hugues, c’est la soul, le funk rock de l’ex Trapeze: son de basse élastique et lascif. Cet homme possède une voix qui fait qu’un jour, dans la cours des hard rockeurs, et bien avant la Grand-Messe du samedi soir sur TF1, on le surnommerait: The Voice. Organe aux multiples octaves, contrepoint idéal à celui de Coverdale. La base rock c’est Paice: batteur talentueux qui pratique l’accompagnement plutôt que la métronomie. Enfin, le «classique», c’est Lord. RIP Jon, claviériste accompli qui brillait dans tous les styles musicaux.
Deep Purple - Speed King
Fin 1973, au sortir du chant de Gillan, le duo Coverdale/Hugues déconcerte. Pourtant, ils entremêlent leurs cordes vocales pour former d’harmonieuses arabesques hélas abhorrées, victimes d’une addiction au précédent chanteur. A l’écoute des deux Lps sortis en 1974, on ne peut, de nos jours, que regretter ces réticences, les garçons présentant véritablement un tableau harmonique jouissif.
Après que Ritchie Blackmore, allergique à Gillan, ait à nouveau claqué la porte en 1995, Steve Morse, guitariste hyper technique, rejoint le groupe. Du coup, Deep Purple prend un visage différent, moins hard, plus big rock, tout en gardant un fond boogie-swing inauguré en 1971 avec Lazy, titre phare de Machine head. Depuis, les vieux grognards proposent périodiquement plus ou moins la même galette. Il paraîtrait qu’Infinite (2017) serait la dernière. Pas grave, ils n’ont pas fini de tourner.
Deep Purple - You keep on moving
J’ai mis quelques temps avant de voir Deep Purple en concert. La première rencontre flash a lieu le 24 mars1996 au Zénith de Paris. Sur scène, il y a Mark II moins Blackmore / plus Steve Morse. Le groupe nous assène des standards naviguant de Speed king à Woman from Tokyo. Maigrissant dans mon jean, des cheveux repeuplant mon crâne devenu lisse, les débuts des 70’s en parfum suranné me shootèrent de la tête aux pieds. Fan un jour, fan toujours.
Si vous êtes de ma génération (celle qui porte vaillamment son demi-siècle...), vous avez sans doute complété la phrase du titre par: «ne s’arrêtent pas...», pas vrai ?
Genèse d’un tube...
Gamine - Voilà les anges
1988 - Ce titre va venir agréablement chatouiller nos oreilles. Les responsables? Le groupe Gamine, jeunes bordelais emmenés par le duo Paul FELIX (qui se fera appeler Paul Visconti en référence à qui vous savez...), au chant et à la basse. Son compère, Paco RODRIGUEZ s’occupe des chœurs et de la guitare.
Leur premier titre, Under my thumb les fait connaitre dans le milieu Rock avec de nombreux concerts, coupures de presse en français, voir même en espagnol. Ils commencent à écumer le milieu bordelais.
1982 voit la naissance de leur premier 45 tours, avec Fille du soir et Simon Templar. Prémices d’un succès à venir, la presse les considère comme «largement au-dessus de l’idée qu’on se fait de l’auto production...»
Gamine - Fille du soir
L’année suivante, en 1983 donc, sort un mini-album avec aux manettes Chris «Flamin’Groovies» Wilson et Robin «Barracudas» WILLS. Excusez du peu...
Gamine - Shandy Street
Puis, Les enfants du rock (célèbre émission télé du siècle dernier...) leur tend les bras en 1984, puisque la chaine diffuse leur clip Julie Julie… La presse Rock, Rock’n’Folk en l’occurrence, salue l’effort:
«Le disque de Gamine n’est pas français, c’est celui d’une confrérie internationale, qui qui verrait une osmose entre Bordeaux et le rock urbain des States»
Une reprise de Gainsbourg fera les beaux jours des radios: Harley Davidson, couplé à Paris Paris.
Gamine - Harley Davidson
1988, année de la consécration Rock pour nos Bordelais, Voila les anges sort chez Barclay. Titre bientôt classé au Top 50 (salut les p’tits clous...), l’album mérite qu’on s’y attarde. Petite chronique de l’époque...
«Sur le premier morceau Etre Roi, le chanteur Paul Félix Visconti et ses acolytes annoncent la couleur; un gimmick de guitare très british, une rythmique rock, un refrain et des chœurs qui restent en tête; la barre est placée haute. On comprend vite pourquoi ce groupe est devenu culte. Le très bon background de ses passionnés est mis en exergue sur la sublime reprise du chanteur britannique Kevin Ayers: "May ?".
Les paroles poétiques tournent beaucoup autour des rencontres amoureuses et les guitares soignées évoquent énormément les Byrds sur des titres comme L'autre, Les gens sont si bizarres ou Nos sentiments. Le nostalgique Smithien et Dress Up montre une autre facette d'un combo décidément au grand potentiel.»
Malheureusement, et c’est souvent le cas, le second album Dream Boy fut un plantage complet, le groupe cherchant à refaire un tube, perdant au passage sa naïveté et son charme. Les ventes désastreuses entraînant le splitte. Le chanteur partira s’isoler 20 ans dans un monastère bouddhiste, près de Clermont-Ferrand.
Si Anges il y avait, ils n’ont pas fait du bon boulot à l’époque, en laissant disparaitre ce groupe... Mais il semblerait que, tel le Phénix, le combo renaisse actuellement de ses cendres et recommence à tourner...A suivre...
Backyard Babies «Jardin d’enfants» ? S’il est communément admis que les suédois parlent anglais, peut-on traduire littéralement le nom du groupe? L’expression: Backyard Baby-Q est employée pour désigner un barbecue, un repas champêtre où se goberger de grillades. Peut-on, alors, imaginer: «des bébés au barbecue dans une arrière cours»?
Recherche étymologique mise à part, voici l'album Total 13 sorti en 1998. Et, là, les synonymes sont légions: défonce, high energy, déglingue, tout ce qui parle d’engagement musical total. Ces garçons guerroient le rock comme certains de ses aînés ont pu le faire, je pense aux New York Dolls en particulier. L’aspect Metal ou Punk constitue leur apport au genre, Chuck Berry habillé de distorsion. Tatouages en avant, la musique des Babes sent la clope, le Jack. D et la sueur. Leur rock foisonne de glissando, de slide «médiatorisés» qui accentuent l’effet de compacité, qui annoncent l’élan avant l’envolée telle des traces de pneus sur l’asphalte. De fait, ce disque arrache tout sur son passage, du pavillon externe au labyrinthe de l’oreille interne, siège de l’équilibre. D’où ce vertige à l’écoute du brûlot. Un type qui chausse des Creepers sur des socks étoilées, chemise fuchsia sous gilet noir, et qui roule en Plymouth Fury projette force maladie de Ménière chez ses auditeurs: pseudo ébriosité et bourdonnement d’oreilles. L’attitude rock que celle-là!
Backyard Babies - Let's go to hell
«Qué, qué, qué, qué qué, can’t do anything … », comme une évidence! Pas moyen de faire autre chose que de bouger son derrière, secouer la tête ou battre le rythme du pied. Même lorsque le tempo ralentis, la dynamique pousse à l’action. Parfois, enchaînement d’accords se fait plus vagabond au bénéfice d’une mélodie plurielle, allant même jusqu’à intégrer un piano bastringue frappé telle une téquila « paf ». Bel ensemble de rocks «cradingues », Total 13 contient 13 chansons ancrées dans un punk à l’esprit, si ce n’est festif, pour le moins pétillo-cinglant.
Chantilly, un 7’’ supplémentaire! Il résulte de la collaboration des Babies avec Ginger, leader des Wildhearts, pour la Face A et Michael Monroe, leader d’Hanoï Rock, pour la Face B. Comme pour le 12’’, la dentelle est loin du propos. Le fourbisseur en chef des Wildhearts touille une chanson festive/rock: Babylon, dont les excès rejoignent la Mésopotamie. Il faut dire qu’il a pour habitude d’usiner des guitares rythmiques en série avec son propre groupe. Pour Sir Monroe, avec Rocker, nous avons le droit à un harmonica en roue libre sur une partition défoncée de heavy rock’n’roll. Et dire qu’il y a des groupes qui remplissent des doubles faces de rengaines insipides... Nos suédois font rougir les six cordes! Les Gibson copulent des amplis Fender en mâchouillant du barbelé. Avec une Les Paul, ce n’est pas le guitariste qui choisit son camp, c’est la guitare qui vous prend. Elle les a pris pour le meilleurs, pas pour le pire, et ce joyau en est la parfaite illustration. Total 13 ? «Total 15» pour cette édition. On en aurait encaissé 20 sans sourciller.
Backyard Babies - Made me madman
Live, le ramage rejoint-il le plumage ? Pareil, tout pareil. Que ce soit en 2006 à la Boule Noire ou en 2010 à la Maroquinerie, deux salles parisiennes, avec Backyard Babies la prestation est garantie décibels, sueur, défonce. Ces mecs-là ne font pas dans la crèmerie, ils ne battent pas le beurre, ils l’électrifient, le ionisent, le vaporisent. Si l’on devait les caractériser à partir d’une image, le mieux serait une boule d’énergie. Ils finissent leur concert lessivés et nous aussi. Leur musique envoie des fulgurances aux quatre coins de la salle, une invite à danser et transpirer avec eux. Si Dregen, le foudroyant guitariste et fondateur du groupe, commence le show les yeux soulignés de khol, il le finit démaquillé, serpillière parcourue d’arcs électriques. Remède à la déprime, un concert des Backyard’s relève de la sismothérapie, de l’électrochoc. Boule Noire et Maroquinerie en lieu et place d’un AccorHotels Arena, proximité qui sied à merveille à leur attitude empathique. Si ces guerriers viennent à passer un jour en votre proximité, votez pour: que du plaisir à glaner.
Paul Weller est un personnage marquant dans l'histoire de la musique rock britannique, brillant par ses talents de songwritter et d’interprète, mais également par l'éclectisme de ses expériences musicales. Les débuts avec les Jam en 1977 sont puissamment énergisés de la force destructrice du punk rock émanant de l'air du temps. Weller et sa bande on à peine plus de 18 ans et l'album In the City résonne alors comme un coup de sang! Un premier disque rageur, empreint d'une hargne rock d'où se dégage un sens de la mélodie et une voix déjà atypique. L'influence Mods et l'admiration pour l'écriture de Ray Davis des Kinks, seront alors l'effet de la maturité sur les albums suivants jusqu'à devenir l'un des groupes majeurs de ce pays.
Fin 82, à la stupeur générale, il annonce la fin des Jam sur un Beat Surrender alors en haut des Charts. La réponse sonore arrivera l'année suivante avec son nouveau groupe. The Style Council, une expérience Soul tintée Jazz, fondée avec le pianiste Mick Talbot et le batteur Steve White. L'esprit existentialiste parisien, l'univers Café Bleu, des cuivres aux accents funky, bref, un groupe entièrement fondé derrière la conceptualisation d'un style. Expérience à la fois particulière et osée pour l'ex Jam... si vous en doutiez, Weller a toujours eu du culos.
Paul Weller - Wild Wood
Nouveau virage, dans les années 90, à plus de 30 ans Paul Weller démarre sa carrière solo, toujours accompagné depuis le Style Council par son batteur et ami Steve White. Un premier album qu'il produit lui même et le voici déclarant la part belle a une somptueuse british pop rock. L'album qui retient mon émotion est plus particulièrement le second, Wild Wood sorti en 1993. Un retour au sources électriques servi par une production ample et généreuse, des compos qui sont de purs joyaux de pop rock. Le talent de mélodiste de Weller y explose et sa voix gorgée de soul, nous entraîne de la ballade folk poignante, au rock bluesy parfois vêtu d'inspirations soul et de groove entêtant...
Paul Weller - Sunflower
Il y a bien sûr, l'éponyme Wild Wood, ballade acoustique attisée par le feu de l'intensité vocale de Weller, aussi fort sur la corde sensible que sur les cimes vibrantes. La parfaite réussite pop rock de Sunflower ou Shadow of the sun fait de cette galette, un album généreux, riche de ses couleurs, écritures et atmosphères, couvrant à la fois une ouverture musicale et une forme de cette unité simple qui conduit l'écoute de ce disque, d'un bout à l'autre, sans laisser place à une quelconque lassitude.
Personne ne s'y trompera, Weller qui n'a jamais vraiment cessé d'être un personnage marquant en Angleterre, revient ainsi sur le devant de la scène. L'album se place deuxième dans les Charts anglais, et Sunflower, Wild Wood et Hung Up seront tous les trois classés dans le Top 40...
Magistral et mérité !
Down in Albion - Premier album des Babyshambles avec Pete Doherty.
Down in Albion: le premier album des Babyshambles, le groupe de Pete Doherty juste après les Libertines.
Acheté en CD? Revendu rapidement. La relation commence mal. Pourtant, on la recherche, on la désire, notamment pour cet extraordinaire single, épitomé de pop idéale: Fuck forever.
Nonobstant, en toute objectivité, la master/numérisation de Down in Albion (2005) ne dépasse pas les dents d’un timbre-poste où elle devrait envahir l’espace. Par contre, sur vinyle, on lui découvre une ampleur étonnante au bénéfice d’une dynamique retrouvée.
Le travail de Mick Jones, l'ex Clash, se voit enfin mis en valeur. Il emmène le chanteur et les guitares parcourir des chemins déglingués, des voies de traverse, facture «reconnai-Clash-ssable», combien adaptée au propos.
A l’arrivée, entre la balade acoustique: Merry go round, et la pièce de «heavy rock»: 8 dead boys, il accompagne l’ombrageux Doherty dans son tripatouillage de ragga, de reggae et de folk vers une gracieuse power pop à la Big Star ou une mécanique de précision à la Joe Jackson. Ecriture sous l’influence du Rude boy? Pour le son, certainement. Pour le reste, le talent de Pete Doherty se suffit à lui-même.
Babyshambles - Fuck Forever
Les 16 morceaux ne sont pas d’un intérêt égal, certains apparaissant carrément dispensables. La tenue de l’ensemble reste néanmoins notable dans un contexte où on nous fourbit du remplissage à la louche. La plupart du temps, le groupe tutoie son auditoire via des notes cristallines et légères, une volonté de proximité. Le chanteur a beau nous balancer des balades détraquées en témoignage de ses amours difficiles In love with a feeling, des «newaveries» pop The 32nd of december, ou narrer ses overdoses: Back from the dead, il reste à nos côtés pour mieux nous captiver.
A la sortie de ce disque, Doherty bénéficie déjà d’une médiatisation outrancière due à ses frasques. Qué frasques? Oh, des déboires avec la justice à propos de consommation régulière de substances illicites, dont une addiction au Crack, ou de vol qualifié au domicile de son ex partenaire en musique: Carl Barat, ou encore de son copinage avec une junkie à présent décédée: Amy Whinehouse, ou un top model: Kate Moss, ponctuellement imbibée. Il n’en maintient pas moins une ligne d’attaque simple, claire et accessible d’où, peut-être, ce tropisme. Même s’il est loin d’être parfait, le disque charme l’oreille, provoque la rêverie, et l’on s’éloigne avec lui vers l’utopie; des beautés diaphanes dans des ruelles grises où la rouille prend le pas sur les éclats, des gueules de minots noircies par la suie, des sirops de la rue en faux perfectos tordant leurs Docs aux jointures des pavés.
Down in Albion : reflet d’une société.
Babyshambles - Killamangiro
Pour ce Lp, la question se pose à nouveau: quid de la pochette dans l’attirance globale et la décision d’achat? Pour le CD, un carré de papier glacé mais pour le vinyle! La sensation du touché varie en fonction de l’endroit où l’on pose les doigts. Lisse ou rugueux ? Lisse et rugueux! Cette pochette semble rafistolée au ruban adhésif mais il n’en est rien. Tout est question d’effets visuels et tactiles générés par l’artiste. L’écriture manuscrite, l’espèce de petit nounours, encre sur vélin sale... imaginons une pinup bordée de rouge vermillon ou de bleu lagon. Le plumage bisse le ramage et son acteur principal s’intègre parfaitement au paysage. Le col de chemise assombri, les cheveux gras dépeignés, le comédon à fleur de peau, les dents jaunies, les ongles des mains en deuil et grignotés (qu’en est-il de ceux des pieds?), Doherty nargue les bobos d’un œil qui pétille. Bourré ou cassé, il cisèle des partitions telle une bretonne brode un napperon: Attention, Œuvre d’art.
Babyshambles - Back from the dead
En live, toute épopée urbaine génère sa légende et Babyshambles ne fait pas exception. «Il arrive sur scène plein comme une huitre et massacre ses chansons». Le 26 août 2005, au festival Rock en Seine, ça se vérifie. Nous avons le droit à un grand n’importe quoi. Saboter ses prestations scéniques: quel intérêt? Un désamour s’installe qui peut perdurer... jamais revu. Peu importe. D’autres jouent copier-coller, à la note prêt, les morceaux de leurs albums et il nous reste les enregistrements studio... Lorsqu’ils sont du calibre de Down in Albion, tout est dit.
"Un musicien, s'il est messager, est comme un enfant qui n'aurait pas été trop abîmé par les mains de l'homme. C'est pour cela que la musique a bien plus de poids pour moi que toute autre chose."
Le Rock'n'Roll est la plus brutale, la plus hideuse, la plus prostrée, la plus vicieuse des formes d'expressions qu'il m'ait malheureusement été donné d'écouter.
FRANCK SINATRA
"Rock 'n' roll is the most brutal, ugly, degenerate, vicious form of expression it has been my displeasure to hear"
La colère monte - Album des Dogs, mais on a pas le droit de le dire
Gilles Tandy - La Colère monte
Début des années 80, après le split des Olivensteins, et après l’aventure éphémère des Gloires Locales, GillesTandy va enregistrer un album intitulé: La colère monte. Concretisation d’une longue amitié:
«Rouen était quand même une petite ville. Quand Dominique (Laboubée - Les Dogs) revenait de tournée, il ne la ramenait pas, et c’était super agréable. J’ai toujours bien aimé qu’on puisse séparer le travail et la vie Quand on était ensemble, chez mon frère Eric ou dans des fêtes, c’était le grand pote , pas «le chanteur des Dogs». Quand on travaillait ensemble et quand les choses devaient être sérieuses, Dominique, par son attitude, montrait bien qu’il ne fallait pas rigoler».
Gilles Tandy
Ainsi, Dominique écrit quelques morceaux, du temps des Gloires Locales, morceaux qui resteront à l’état de maquette, jusqu'à ce qu’Eric se décide à les sortir sous son nom, chez New Rose... Leur maison de disque, Epic, leur donne le feu vert, mais à une condition, que le nom des membres des Dogs n’apparaisse pas sur la pochette, même si ils sont sur tous les titres. Dominique en assure la production, et la quasi totalité sont de sa plume, ou de celles de Tony Truant...
Gilles Tandy - La colère monte :
Anecdote au cours de l’enregistrement: Dominique aimerait remplacer la batterie de Mimi, par une boîte à rythme... Personne ne sait se servir de ce truc, et c’est sous l’œil goguenard du batteur que Dominique s’evertue à trouver une solution...
Sur cette cover de Hugues Aufray, Dominique Laboubée joue de l’harmonica, de la basse, du banjo, on le retrouve également dans les choeurs... brillant multi-instrumentiste.
Ian Fraser Kilmister voit le jour le 24 décembre 1945 dans une petite ville d'Angleterre. Alors qu'il n'a que quelques mois, son père quitte le foyer familial. Sa mère se remarie à un homme qui met à mal les finances du couple ce qui vaut à Ian Kilmister de «taxer» ses copains d'école, d'où son surnom «Lemmy», diminutif de «Lend Me» qui signifie «prête moi».
Vers l'âge de 12 ans, il découvre le Rock'n'Roll et devient accro. Il craque sur l'album Please Please Me des Beatles qui va lui servir de base pour apprendre à jouer de la guitare. Fermement décidé à faire de la musique son métier, il commence à jouer dans des groupes amateurs puis intègre les Rockin' Vickers avec qui il enregistre quelques titres dont la reprise des Kinks, Dandy, et celle des Who, It's Alright, qui paraissent en singles en 1966.
The Rocking Vickers - It's Alright (Cover des Who)
Le groupe se sépare l'année suivante, mais Lemmy ne perd pas de temps et devient Roadie de Jimi Hendrix tout en continuant à faire de la musique ce qui lui permet de se joindre à Sam Gopal, toujours comme guitariste.
Sam Gopal - Sky Is Burning (1969)
Les choses sérieuses commencent vraiment au début des 70's lorsqu'il devient bassiste d' Hawkwind, groupe de space-rock assez déjanté. Ne sachant rien de la basse, il adapte son jeu de guitare à son nouvel instrument, ce qui apporte un son particulier au groupe. En 1972, il participe à l'enregistrement de l'album Doremi Fasol Latido pour lequel il écrit The Watcher.
Hawkwind - The Watcher
La même année sort le single Silver Machine titre génial sur lequel Lemmy est bassiste et chanteur. Le 45 tours fait un carton dans les charts anglais.
Hawkwind - Silver Machine
Autre titre sur lequel il chante et qui donnera le nom de son futur groupe, Motörhead:
Hawkwind - Motorhead
Consommateur de speed et autres amphétamines, Lemmy est arrêté au Canada en possession de drogues au début de l'année 1975. Il passe quelques jours en prison et se retrouve seul, lâché par Hawkwind qui continue sa tournée américaine sans lui. Vexé, il claque la porte et rentre en Angleterre où il forme son nouveau groupe Motörhead avec le guitariste Larry Wallis (Pink Fairies) et le batteur Lucas Fox. Il déclare à la presse que ce sera le groupe le plus déjanté au monde, le plus violent, le plus bruyant, le plus crade !
Passionné d'histoire militaire (en particulier celle du IIIème Reich) l'homme s'affiche régulièrement avec croix de fer et croix gammée sur son perfecto, pour choquer et aller à contre-courant de l'esprit «baba» de ses ex-compagnons de route, Hawkwind.
Très vite il change de line-up, recrute «Fast» Eddie Clarke à la guitare et Phil «Animal» Taylor à la batterie. Son mode de vie ainsi que son look et son style musical l'amènent à se faire des amis dans les milieux Punk, Hard et Rock (Damned, Adverts, Ramones, Plasmatics, Saxon, Girlschool, Ozzy, Stray Cats etc) mettant ainsi tout le monde d'accord, Motörhead, c'est avant tout du gros Rock'n 'Roll.
Le premier album sort en 1977. On y trouve deux reprises d' Hawkwind, Lost Johnny et Motörhead jouée un brin plus vite que l'original...
MotörHead - Motorhead
Preuve que Lemmy est un homme de parole, lorsque l'album live No Sleep 'Till Hammersmith arrive dans les bacs, la presse s'accorde à dire que c'est le disque live le plus puissant de l'histoire du Rock et elle n'a pas tout à fait tort.
Motörhead Live - No Sleep 'Til Hammersmith
Après avoir joué avec les Damned (The Doomed et Motordamn), Wendy O'Williams (Plasmatics) ou encore Girlschool, il change à nouveau de musiciens, enregistre avec Ozzy Osbourne dans le courant des années 80 puis rend hommage à ses copains Ramones sur l'album 1916 sorti en 91.
MotörHead - R.A.M.O.N.E.S
Toujours à fond, il écrit pour Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters), participe à l'enregistrement d'un disque de Slash (Guns N'Roses) et monte un second groupe nommé Head Cat à la fin des 90's. Il s'agit d'un trio de Rock N'Roll fifties à la sauce Lemmy dans lequel on trouve également Slim Jim Phantom de Stray Cats d'où le nom du groupe.
The head Cat - American Beat
En 2011 sort le documentaire Lemmy: 49% Motherfucker, 51% Son Of A Bitch dans lequel on le voit manger, boire, collaborer avec divers musiciens, parler de sa passion pour les objets des deux guerres mondiales, et bien d'autres choses encore.
Gros consommateur de Jack Daniel's, de cigarettes et de drogues depuis les années 60, le bombardier du Rock s'éteint le 28 Décembre 2015 à Los Angeles des suites d'un cancer. Il aura tout assuré et assumé jusqu'au bout, malgré la maladie. You keep on rockin', man!
POINT BLANK : en 1976, le southern rock à bout portant.
Point Blank
Point Blank - 1976
Il est des albums que l’on chérit pour une chanson et d’autres dont l’intégralité est un pur délice. Celui-ci, le 1er Lp éponyme de Point Blank (1976), fait partie de la deuxième catégorie bien que le titre ouvrant la Face A: Free man, puisse justifier à lui tout seul d’en être mordu. Ce 33 regorge de Southern Heavy Rock savoureux. La double décharge de chevrotine qui cueille l’auditeur au sortir du sillon, associe un chant hargneux nappé de soulerie à des guitares harmonisées versus castagne. Des chœurs magnifiquement orchestrés adoucissent à peine la morsure.
Côté compositions, les rednecks de Point Blank tricotent des couplets sur trois notes, les ressassent à l’infinie avant de les cisailler d’accélérations et de ponts « kangourous »: « tumbleweed » virevoltant. Leur but? L’inattendu! Entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’un disque «expérimental», où tous les genres musicaux se télescopent. Ici, le fil d’Ariane reste profondément ancré dans le Sud, pays des Lynyrd Skynyrd, Blackfoot ou encore ZZ Top. Point blank singe-t-il pour autant ses illustres prédécesseurs? Pourquoi s’enticher d’une ressassée, d’un clone alors que tous les ingrédients sont déjà disponibles ailleurs, en grand nombre et de grande valeur?
Si la voix du chanteur, à quelques harmonies près, s’apparente à celle de l’inénarrable Johnny Winter, pour le reste, Point Blank apporte un autre angle d’attaque. Certes condimentée de blues et de boogie, sa musique développe pourtant un corps charnu bien plus heavy que tous ceux qui l’avaient bodybuildée jusque-là. Le son des guitares, la vélocité avec laquelle les deux solistes se le disputent, se le renvoient au visage ou le confisquent à leur profit, transpire de méchanceté. Les médiators de ces messieurs épicent les cordes de leurs Gibson comme des adeptes de la piraterie le feraient des câbles d’abordage: sans pitié et bien serré, les grappins acérés des seconds copiés/collés par les doigts déliés des premiers. Point Blank, l’album, en soudard magnifique, fait gicler une suie étincelante sur les productions de ses rivaux.
Point Black - Free Man
Culminants, les solos de guitares sont vitriolés, rubans de barbelés enserrant la gorge du chanteur pour mieux en extraire la sève. L’alambic fonctionne à merveille, tirant une gnôle à 100° qui vous carbonise les papilles mieux qu’une pleine cuillère de raifort. Les titres s’enchaînent comme les wagons d’un train fonçant vers l’Enfer, toutes mélodies hurlantes et gravées au couteau. L’impact des cognées sur l’écorce des tympans témoigne de la force de l’interprétation et de l’engagement des musiciens.
Point Black - Wandering
En tant que producteur/manager du groupe, on retrouve Bill Ham. Cet homme est co-responsable du son des 12 premiers albums de ZZ Top! Référence! Point Blank ne peut donc mieux commencer sa carrière, promesse d’un futur magnifique... shooté en plein vol par une incompréhensible volte-face. Deux Lps et la hargne s’en va, diluer dans la fadeur des charts FM. Même le deuxième essai: Second season (1977), présente déjà une appétence à l’égard des médias. Par chance, quelques coups d’éperons subsistent qui méritent qu’on s’y intéresse. Quant à la galette/comète Point Blank, elle tourne toujours, répandant sa traîne de poudre noire par-delà l’univers des amateurs de Southern heavy rock.
Point Blank - Uncle Ned
Quid des prestations live du groupe en 1976? Fions-nous aux affiches impressionnantes de leurs tournées, même en «guest»: du très lourd! A défaut de ne pas les avoir vécues, laissons-nous enivrer par l’étincelant fracas de ce premier éclat.
Quand une chanson porte un film... Misirlou - Dick Dale - Tarentino - Pulp Fiction
Dick Dale - Misirlou - Pulp Fiction
1994 - Pulp Fiction
Evidemment, vous vous êtes dit: «Wow, mais c’est la musique de Pulp Fiction!». Vous aurez raison, mais l’origine de ce morceau se perd dans les méandres du temps, puisqu’il est issu d’une mélodie orientale assez classique. Ainsi, plusieurs communautés en revendiquent la paternité... Quoi qu’il en soit, elle perce en 1927, en Grèce, puis explose aux Etats-unis en 1943, avec la version de Nick Roubanis, plus orientalisante que l’originale.
Nicholas Roubanis
Mais c’est en 1960 que paraîtra la version la plus célèbre, popularisée en 1994 par le film de Quentin Tarentino. Et c’est celle qui nous interesse particulièrement.
On la doit à Dick Dale, guitariste de surf musique. Le défi était de jouer le morceau entier sur une seule corde; il s’en acquitte avec brio...
Dick Dale est né en 1932 à Boston, il apprend la guitare avec son oncle, qui lui-même jouait du Oud, pour accompagner les danseuses du ventre. Sportif émérite, surfeur, il cherche à recréer par la musique la sensation qu’il ressent lorsqu'il surf. Ainsi naquit la Surf Musique, dans un savant mélange de reverb’, de trémolo, de staccato et du bourdon...
Les guitaristes apprécieront le premier titre Surf , Let’s go Trippin.
Dick Dale - Let's Go Trippin'
Les teenages accourent de toutes part pour voir ce musicien à la fois rocker et surfer...et il devient le King of surf guitare. Après une éclipse de plusieurs années, due conjointement à des problèmes de santé et une baisse de popularité (la mode a changé...), il remet le pied à l’étrier grâce à ce fameux film de Tarentino, tant et si bien qu’aujourd’hui encore, il est sur les routes... Pour l’anecdote, il existe une version des Beach Boys, sur l’album Surfin USA.
Beach Boys - Misirlou
Une autre version re-popularisera ce morceau: Pump it, des Black Eyed Peas.
Un bon morceau, même trituré dans tous les sens, reste un bon morceau...Non ?
Février 1976, deux étudiants de Manchester, fans du Velvet Underground, lisent une chronique du NME intitulée «don't look over your shoulder but the Sex Pistols are coming» («ne vous retournez pas, les Sex Pistols arrivent»). Dans son article, Neil Spencer décrit le concert chaotique d'un jeune groupe qui reprend des titres des Who, Small Faces, Stooges en plus de son propre répertoire, avec une énergie qui ne s'était plus vue depuis les Mods et la scène de Detroit.
Howard Trafford et Peter McNeish décident d'aller voir ça de près, ils se rendent à Londres, assistent à deux concerts des Sex Pistols, et il ne leur en faut pas plus pour former leur groupe: Buzzcocks.
Le nom vient d'un article de journal qui titrait «It's the buzz, cock!». Rien à voir avec un sexe qui bourdonne ou un vibromasseur, comme on peut souvent le lire ici et là. En argot de Manchester, «cock» c'est un «pote», un «copain», l'équivalent de «buddy» ou «mate», et l'expression «get the buzz» signifie s'exciter, s'éclater, se lâcher, essentiellement lors d'une fête ou d'un concert. Par conséquent, Buzzcocks fait allusion à des potes qui se lâchent sur scène et non à des «bites qui bourdonnent ».
De retour à Manchester, McNeish s'achète une guitare et devient Shelley, le prénom que ses parents lui auraient donné s'il avait été une fille. Dans une interview datant du début des 90's, il explique que cela lui convenait parfaitement à l'époque, son prénom masculin lié un prénom féminin symbolisait en quelque sorte une bisexualité ambiguë, ne sachant pas s'il aimait les femmes, les hommes ou les deux.
Howard Trafford, désormais chanteur, se baptise quant à lui Devoto. Ensemble, ils recrutent deux musiciens, Garth Davies (Smith), basse, et Mick Singleton, batterie et font très vite leur premier concert en avril 1976 dans leur université.
Le 4 Juin, ils invitent les Sex Pistols à jouer au Lesser Free Trade Hall de Manchester, une petite salle du Free Trade Hall où ont lieu concerts de musique classique, pièces de théâtre et démonstrations interminables des dinosaures du rock. En panne de batteur, les pauvres Buzzcocks doivent renoncer à faire la première partie qu'ils laissent à un groupe local nommé Solstice.
Sex Pistols - 1976 - Lesser Free Trade Hall
Peu de temps après, Garth Davies quitte le navire. Ils recrutent alors un nouveau bassiste, Steve Diggle et un batteur, John Maher, afin d'assurer leur second concert, le 20 juillet, en première partie des Sex Pistols qu'ils ont de nouveau invités à jouer au même endroit. Slaughter & The Dogs, autre groupe de Manchester, joue en tout début de soirée.
Buzzcocks - Breakdown
Après plusieurs dates à Londres dont le premier véritable festival punk qui a lieu au 100 Club le 21 septembre, ils enregistrent une dizaine de démos en octobre, très vite disponibles grâce au bootleg Time's Up (officialisé depuis).
Buzzcocks - You Tear me Up
En Décembre, retour en studio pour y enregistrer et mixer en une seule journée les 4 titres du EP auto-financés Spiral Scratch qui contient entre autre l'hymne Boredom. Ce 4 titres totalement auto-produit est considéré aujourd'hui comme l'un des symboles du punk D.I.Y (Do It Yourself : fais le toi-même). Il s'agit de la dernière session avec Howard Devoto qui s'en va au début de l'année suivante (il formera son groupe Magazine environ un an après). Pete Shelley devient alors guitariste chanteur, Steve Diggle, guitariste et Garth Davies revient quelques mois à son poste de bassiste avant de se faire virer en fin d'année pour être remplacé par Steve Garvey.
Buzzcocks - Boredom
C'est cette formation qui enregistre l'album Another Music In A Different Kitchen ainsi que les deux suivants. Considéré parfois comme le précurseur de la power-pop, ce disque est magnifique de puissance et de mélodies. Un monument, comme le suivant, Love Bites, que certains aiment moins, mais qui est tout aussi efficace.
Buzzcocks - Fast Cars
A peu près en même temps sort le single Promises / Lipstick. Ceux qui y ont tendu une oreille attentive se sont probablement rendu compte que la face B contient une partie de guitare identique à Shot By Both Sides de Magazine. Normal, il s'agit d'une ébauche travaillée par Shelley et Devoto aux débuts du groupe, chacun l'ayant ensuite reprise à son compte.
Buzzcocks - Lipstick
Magazine - Shot By Both Sides
Le troisième album A Different Kind Of Tension est du même niveau mais malheureusement en 1979 la fête est finie, la presse a les yeux tournés vers l'after punk, la «Cold», appelons ça comme on veut, et le disque est un peu zappé. C'est dommage car il contient lui aussi des pépites, Hollow Inside, I Believe, Mad Mad Judy, You Say You Don't Love Me et bien d'autres.
En cette année 1979, le groupe est fatigué, déçu par les critiques, on peut lire ici et là que les premières parties lui volent la vedette, qu'il est en perte de vitesse etc. Il est temps de se poser et de prendre du recul.
Début 1981, quelques démos sont mises en boîte dont No Friend Of Mine (disponible sur «Chronology») en vue d'un prochain LP, mais rien n'y fait, Buzzcocks jette l'éponge au cour de la même année. Pete Shelley part en solo, Maher et Diggle forment Flag Of Convenience et Garvey collabore avec chacun d'eux, sur leurs différents projets, avant de monter son groupe, Motivation qu'il quitte quelques années après.
Les 80's vont être une traversée du désert, le succès ne venant ni pour les uns ni pour les autres, Buzzcocks se reforme en 1989 et fait humblement les premières parties de Nirvana au début des années 90, période durant laquelle ne sortent quasiment que des best-of et des disques Live pour alimenter le commerce. Garvey et Maher s'en vont définitivement en 1992.
Nouveau line-up et nouvel album, Trade Test Transmissions qui sort en 1993. Shelley et Diggle sont toujours de la partie, accompagnés du batteur Phil Barker et du bassiste Tony Barber qui a joué entre autres avec Chelsea, Alternative TV et les Ex-Pistols, une parodie de groupe créée par l'ancien sonorisateur des Sex Pistols, Dave Goodman, dans laquelle Barber tient le rôle de «Rotten Johnny». Tout un programme...
Buzzcocks - Trade Test Transmission
Vingt ans après Spiral Scratch et la première partie des Sex Pistols à Manchester, ces derniers rendent l'invitation, Buzzcocks ouvre à nouveau pour eux lors d'un concert à Finsbury Park. La même année sort All Set, nouvel album studio dans la pure veine punk/power-pop du groupe.
Modern arrive dans les bacs trois ans plus tard. Disque en demi teinte sur lequel des choses ont été tentées, des rythmes, des sons, et même si le résultat n'est pas exceptionnel Buzzcocks reste Buzzcocks avec son style bien à lui, ce punk mêlé de pop qui vous rentre dans la tête et n'en ressort plus :
Buzzcocks - Thunder of hearts
2003, changement de label, signature avec Cherry Red qui fait les choses bien. Le 12 titres «Buzzcocks» est disponible en CD et LP, et deux singles magiques en sont extraits, Jerk et Sick City Sometimes chacun en vinyl couleur avec titres inédits en face B, du très bon travail. Tournée promo, première partie de Pearl Jam, toujours avec cette humilité qui caractérise le groupe, et sortie du DVD Live at Shepherds Bush Empire 2003, un document vivement conseillé.
Buzzcocks - Diving you Insane - Live
2006, encore un changement de label, nouvelle tournée et huitième album studio, Flat-Pack Philosophy avec une fois encore, un hymne, Sell You Everything, puis, l'année d'après, l'album live 30, sur le même label 'Cooking Vinyl Records'.
Buzzcocks - Sell You everything
Les trois premiers albums sont réédités en double CD en 2010. Chacun est accompagné de faces B, démos, Peel sessions etc. L'occasion de concerts absolument magiques au cours desquels ne sont joués que les titres de 76 à 79, singles et b-sides compris. Malgré le poids des ans, Shelley et Diggle sont encore en pleine forme et les chansons sont jouées à la perfection.
Buzzcocks - What do I Get
L'année 2012 voit le retour d'Howard Devoto, Steve Garvey et John Maher pour quelques dates intitulées Back To Front où les vieux complices rejouent le EP Spiral Scratch ainsi que les premiers albums dans l'ordre chronologique de sortie. Au début du concert, Pete Shelley joue sur la même guitare qu'en 1976.
Buzzcocks - Spiral Scratch
Le dernier album The Way, date de 2014. Un bijou comme Buzzcocks sait le faire, la preuve ici:
Aujourd'hui, le groupe est toujours actif, une tournée a lieu cette année, débutée aux USA en avril, elle passe par le Mexique, l'Angleterre, l'Ecosse et à Belfast au mois d'Août 2018.
En conclusion, rappelons que Mark E. Smith (The Fall),Ian Curtis, Peter Hook, Bernard Sumner (Warsaw/Joy Division/New Order), Tony Wilson (Factory Records), Steven Morrissey (The Smiths) étaient au Lesser Free Trade Hall en Juin et Juillet 76, et tous sont d'accord pour dire que les concerts organisés par Howard Devoto et Pete Shelley leur ont donné l'envie de monter un groupe, fonder un label, faire des choses. «It's The Buzz, Cock »
Ce que j'emmènerais sur une île déserte? Une super jolie fille avec qui on fait l'amour toute le nuit et qui, quand on a un petit creux vers 5h du matin, se transforme en pizza, et ça de façon infinie...