Babyshambles: Down in Albion - Un mode de vie.
Babyshambles: Down in Albion - Un mode de vie.
Babyshambles |
Down in Albion - Premier album des Babyshambles avec Pete Doherty.
Down in Albion: le premier album des Babyshambles, le groupe de Pete Doherty juste après les Libertines.
Acheté en CD? Revendu rapidement. La relation commence mal. Pourtant, on la recherche, on la désire, notamment pour cet extraordinaire single, épitomé de pop idéale: Fuck forever.
Nonobstant, en toute objectivité, la master/numérisation de Down in Albion (2005) ne dépasse pas les dents d’un timbre-poste où elle devrait envahir l’espace. Par contre, sur vinyle, on lui découvre une ampleur étonnante au bénéfice d’une dynamique retrouvée.
Le travail de Mick Jones, l'ex Clash, se voit enfin mis en valeur. Il emmène le chanteur et les guitares parcourir des chemins déglingués, des voies de traverse, facture «reconnai-Clash-ssable», combien adaptée au propos.
A l’arrivée, entre la balade acoustique: Merry go round, et la pièce de «heavy rock»: 8 dead boys, il accompagne l’ombrageux Doherty dans son tripatouillage de ragga, de reggae et de folk vers une gracieuse power pop à la Big Star ou une mécanique de précision à la Joe Jackson. Ecriture sous l’influence du Rude boy? Pour le son, certainement. Pour le reste, le talent de Pete Doherty se suffit à lui-même.
Babyshambles - Fuck Forever
Les 16 morceaux ne sont pas d’un intérêt égal, certains apparaissant carrément dispensables. La tenue de l’ensemble reste néanmoins notable dans un contexte où on nous fourbit du remplissage à la louche. La plupart du temps, le groupe tutoie son auditoire via des notes cristallines et légères, une volonté de proximité. Le chanteur a beau nous balancer des balades détraquées en témoignage de ses amours difficiles In love with a feeling, des «newaveries» pop The 32nd of december, ou narrer ses overdoses: Back from the dead, il reste à nos côtés pour mieux nous captiver.
A la sortie de ce disque, Doherty bénéficie déjà d’une médiatisation outrancière due à ses frasques. Qué frasques? Oh, des déboires avec la justice à propos de consommation régulière de substances illicites, dont une addiction au Crack, ou de vol qualifié au domicile de son ex partenaire en musique: Carl Barat, ou encore de son copinage avec une junkie à présent décédée: Amy Whinehouse, ou un top model: Kate Moss, ponctuellement imbibée. Il n’en maintient pas moins une ligne d’attaque simple, claire et accessible d’où, peut-être, ce tropisme. Même s’il est loin d’être parfait, le disque charme l’oreille, provoque la rêverie, et l’on s’éloigne avec lui vers l’utopie; des beautés diaphanes dans des ruelles grises où la rouille prend le pas sur les éclats, des gueules de minots noircies par la suie, des sirops de la rue en faux perfectos tordant leurs Docs aux jointures des pavés.
Down in Albion : reflet d’une société.
Babyshambles - Killamangiro
Pour ce Lp, la question se pose à nouveau: quid de la pochette dans l’attirance globale et la décision d’achat? Pour le CD, un carré de papier glacé mais pour le vinyle! La sensation du touché varie en fonction de l’endroit où l’on pose les doigts. Lisse ou rugueux ? Lisse et rugueux! Cette pochette semble rafistolée au ruban adhésif mais il n’en est rien. Tout est question d’effets visuels et tactiles générés par l’artiste. L’écriture manuscrite, l’espèce de petit nounours, encre sur vélin sale... imaginons une pinup bordée de rouge vermillon ou de bleu lagon. Le plumage bisse le ramage et son acteur principal s’intègre parfaitement au paysage. Le col de chemise assombri, les cheveux gras dépeignés, le comédon à fleur de peau, les dents jaunies, les ongles des mains en deuil et grignotés (qu’en est-il de ceux des pieds?), Doherty nargue les bobos d’un œil qui pétille. Bourré ou cassé, il cisèle des partitions telle une bretonne brode un napperon: Attention, Œuvre d’art.
Babyshambles - Back from the dead
En live, toute épopée urbaine génère sa légende et Babyshambles ne fait pas exception. «Il arrive sur scène plein comme une huitre et massacre ses chansons». Le 26 août 2005, au festival Rock en Seine, ça se vérifie. Nous avons le droit à un grand n’importe quoi. Saboter ses prestations scéniques: quel intérêt? Un désamour s’installe qui peut perdurer... jamais revu. Peu importe. D’autres jouent copier-coller, à la note prêt, les morceaux de leurs albums et il nous reste les enregistrements studio... Lorsqu’ils sont du calibre de Down in Albion, tout est dit.
Thierry Dauge
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