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Sur la même platine en Novembre1974 - Deep Purple et Kraftwerk
Novembre 1974 - Sortie commune de deux entités musicales véritablement disparates.
Cette année-là, au mois de février, Deep Purple a déjà sorti un album: Burn. En novembre, le groupe réitère avec Stormbringer, ce qui s’appelle être en veine d’inspiration. Précision : le groupe vient de changer de "personnel", chanteur et bassiste, et nécessite donc un nouveau répertoire à livrer sur scène.
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Kraftwerk - Mitternacht
Pour le groupe Kraftwerk, il s’agit de son 4ème Lp: Autobahn, qui précède Radio-Activity (1975), titre qui consacrera les allemands dans le monde entier.
Pour l’heure, le groupe pratique une musique «séquentielle» qui multiplie les couches de synthétiseur, les espaces de silences résonnant de bruitages divers, univers à mi-chemin entre le Krautrock et Pink Floyd, bien que, par place, des mélodies «popisantes» soient insérées.
Le Pourpre profond, quant à lui, injecte des accents funky et soul dans son hard rock tout britannique, apport des deux nouveaux, le chanteur DavidCoverdale & le bassiste Glenn Hughes. Intéressant, Hughes chantant également, des harmonies vocales sont trouvées où figuraient les saillies tonitruantes de Ian Gillan, hurleur en chef.
Deep Purple-Stormbringer
Pendant ce temps-là, sur d’autres platines, ABBA dynamite l’Eurovision à Waterloo. Mike Brant déclare: C’est comme ça que je t’aime à C Jérôme qui avoue : C’est moi. A l’international, Neil young se la joue On the beach, Queen II précède Sheer heart attack pendant que les Stones se font modestes en avouant: It’s only rock’n’roll. Après écoute, Supertramp dubitatif commente: Crime of the Century. Loin de ces querelles de goûts, Bowie, nouvellement membré, se réincarne en Diamond dogs.
Et outre cette actualité musicale, qu’en est-il de l’actualité "tout court"?
En France, le temps est à l’inauguration : l´aéroport Charles de Gaulle à Roissy et le Palais des Congrès à Paris. A choisir, les mélomanes préfèrent le «bruit» fourbi chez les congressistes. L'assemblée nationale entérine l'abaissement à 18 ans de l´âge de la majorité. Avec cette mesure, Giscard, nouvellement élu à la présidence, pense bénéficier des votes de la «jeunesse» en 1981. Mitterrand en rie encore.
Moins drôle, un DC-10 de la Turkish Airline élague quelques arbres en forêt d’Ermenonville: 346 morts. Pour rivaliser, l'ouragan «Fifi» (quel nom ridicule!) dévaste le Honduras: 10 000 morts. La naissance de Léonardo DiCaprio suffira t-elle à équilibrer les comptes?
La musique de nos deux récipiendaires, peut-être...
Au final, cette mouture de Deep Purple n’en a plus que pour un an à vivre alors que Krafwerk s’installe progressivement sur une rampe de lancement, inventant bientôt le concept de «l’homme machine». Les deux sur une même platine? Si le monologue sied à l’égocentrique, le dialogue convient si bien aux choses musicales qu’en faire abstraction serait comme perdre des points d’audition. L’éclectisme réunit les passions.
Réussir à sortir de l’anonymat sans se faire lyncher dans un New York au territoire morcelé, où chaque cartier est aux mains d’un gang différent, comporter deux musiciens juifs (les «décideurs» : Simmons/Stanley) et adopter un patronyme qui contient deux «S» reprenant l’iconographie «SS», se grimer en clown, ne pas maitriser plus que ça ses instruments... pour en arriver à une reconnaissance mondiale: incroyable!
Considéré de nos jours comme une réunion de business men, une pantomime au discours transparent, Kiss a le mérite d’avoir visité les caniveaux new-yorkais avant d’en arriver-là. Car si la critique est facile, indubitablement, ces types ont bossé pour situer leur groupe à ce niveau. Jugez du peu: entre 1974 et 1976, le groupe sort 5 Lps studio épaulés par un double album live! A cette cadence entrecoupée de tournées de plus en plus pharaoniques, cocaïne et alcool sont au menu quotidien. Côté son, les deux premiers essais: Kiss et Hotter than hell (1974) sont produits par Ritchie Wise, ex cofondateur du groupe Dust, combo de hard rock psychédélique comprenant également le futur Marky Ramone aux fûts.
Kiss - Strutter
Le 3ème ouvrage: Dressed to kill (1975) est en partie autoproduit avant que des Rolls de studio ne reprennent l’affaire en main. En 1976, Rock and roll over est "consolé" par Eddie Kramer, entre autre ingénieur du son chez Hendrix, qui laisse le siège à Bob Ezrin pour le surproduit mais néanmoins excellent Destroyer. Casablanca Records met donc la main à la poche pour promouvoir au mieux ses poulains. La suite du sprint vers la célébrité, moins musicalement talentueuse aux goûts de certains, vaut également par les audacieuses décisions artistiques qui sont prises.
En 1978, chacun des quatre membres du Bisou sort un album solo tout en conservant une ligne directrice au niveau du visuel. Les pochettes font l’objet d’un même traitement où un portraitiste peint nos héros sur fond noir, les nimbant simplement d’une couleur différente: violet pour Stanley, rouge pour Simmons, bleu pour Frehley et vert pour Criss. Le lettrage reste identique au logo du groupe qui apparaît également. Le plus réussi du quatuor semble être celui d’Ace Frehley, enfant du Bronx et guitariste soliste, ce qui ne va pas sans créer quelques tensions avec ses deux collègues dictatoriaux, jusque-là principaux auteurs/compositeurs lorsque réunis. La fissure évoluera-t-elle en crevasse? Plus tard, un peu plus tard...
Dernier véritable fait d’arme: I was made for loving you (1979). Ce single hard glam rock disco les couvre de diamants.
Kiss - I want You
Mais quelle formule magique ces gaillards ont-ils mise en œuvre pour s’élever ainsi alors que rien ne les prédestinait à l’or du podium? Via ses partitions, quel type de rock Kiss livre-t-il? Peut-on qualifier sa musique de heavy pop? Les chansons tournent autour des 3/3 : 3mn et 3 couplets entrecoupés d’un même refrain, un solo incisif de Les Paul avoisinant les 5 secondes s’insérant à la suite d’un de ces derniers. Point. C’est tout? Oui. Plus Beatles que Stones, Kiss a simplement appliqué ses propres tables de la Loi à la lettre: faire «punchy», mélodique, adolescent. Le reste, c’est de la sueur et des kilomètres.
Alors, peu importe où en est le groupe en 2018, peu importe qui œuvre en son sein, peu importe les rides sous le maquillage, la légende de Kiss est derrière-lui. Et lorsque Alive! (1975) tourne sur la platine, qu’il ait été intégralement refait en studio ou non, les paillettes alourdies par le poids des ans brillent et volent à nouveau dans les yeux du quinquagénaire qui l’écoute.
Laissons-nous rêver encore un peu...
Tant musicalement que du point de vue vestimentaire, ce garçon est un «initiateur».
Musicalement: Il participe à la première mouture de Television et de The Heartbreakers. Sa vision musicale et son impétuosité ne supportant aucun compromis, il quitte ces deux formations avant qu’elles n’enregistrent quoi que ce soit. Décidant de ne plus s’associer avec personne, s’entend d’égal à égal, il forme Richard Hell & the Voidoids.
Intelligent, il choisit quand même un guitariste au jeu original et talentueux: Robert Quine, magnifique inconnu. Plus tard, bien plus tard on lui reconnaîtra un lien de cousinage avec Dan Auerbach, le guitariste et chanteur de The Black Keys, un effet de manche pour tabloïds. A noter, pour rythmer la musique que Richard touille dans les circonvolutions court-circuitées de son cerveau embué, il embauche Marc Bell à la batterie, ex bûcheron chez Dust, groupe pratiquant un hard rock psychédélique, futur métronome chez Ramones: Marky Ramone, c’est lui!
Richard Hell & the Voidoids - Blank Generation
Ainsi bâtit, le gang sort Blank generation. En 1977, sous l’étiquette «punk rock», cette galette rivalise avec Young, loud and snotty de The Dead Boys, le L.A.M.F de ses anciens acolytes briseurs de cœurs ou Tom Verlaine’s «Marquee moon», pour ne citer que ses compatriotes. Mais il va plus loin ou ailleurs puiser ce qui fait son originalité: sous un aspect "guenillé", les chansons bénéficient de constructions alambiquées soutenues par des riffs de guitares inattendus. La chanson éponyme en est un parfait exemple. Au sommet de ces torves mélodies, la voix du fougueux Hell navigue sur une houle des notes voulues déjantées bien que lâchées à «gorge ouverte», technique de chant clair dépourvu d’accros. Blank generation, à l’ombre de ses contemporains, n’en reste pas moins un sacrément bon enregistrement de rock, une pièce de choix à centrer sur le plateau d’un tourne-disque.
Richard Hell & the Voidoids - Love Comes in spurts
Code vestimentaire: la légende veut que Malcolm Mclaren, futur manager des Sex Pistols, croise le chemin de Richard Hell (né Meyers) le jour où ce dernier, déçu de l’effet généré par la chemise dont-il vient de couper les manches, rattache ces dernières au corps du vêtement à l’aide d’épingles de sûreté dites: «à nourrice». Ou comment l’ustensile de couture envahit le Royaume Uni au retour de l’opportuniste Malcolm sur ses terres.
Il reste que Johnny Rotten, au cœur des 700 pages de ses mémoires (La rage est mon énergie - 2014), revendique la première utilisation de ce code identitaire. Quoi qu’il en soit, après étude des photos où Hell se donne, on confirme que le jeune éphèbe aux yeux charbonneux apprécie exposer son torse glabre sous des hardes déchirées, autre constante du modèle punk.
La mode ne tient qu’à un fil.
1977, donc, et puis? … Richard Hell disparait quasiment du domaine public. On soupçonne un excès de toxicité chez ce goûteur invétéré de substances prohibées mais l’Enfer est toujours bien présent sur Terre. Le ténébreux fêtera-t-il sa soixante dixième année (il est né en 1949) en sortant du placard où il s’est volontairement enfermé?
Certains disent que l’Art se doit d’être éphémère.