Faith No More
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FAITH NO MORE : « Il était une Foi en rien »
La plupart des personnes qui connaissent et apprécient Faith No More ont découvert le groupe via The real thing -1989 - un album ayant bénéficié de critiques dithyrambiques dans la presse spécialisée. Chose rare, il faisait l’unanimité! Les chroniques aboyaient:
«Il faut descendre des platines tout ce qui y tourne, transformer les autres CD en dessous de verres. Avec cet enregistrement, nous sommes en présence d’une épée, d’un «incontournable», le futur du rock!».
Comme tout bons moutons collant à leurs conditions, les acheteurs s’emparèrent de l’objet sans même en avoir entendu une note. Du coup, la première écoute en laissa plus d’un perplexe… j’en fis partie. A l’exception d’Epic , dont on s’entiche dès les premières mesures, les autres titres réclament un effort. Ce n’est pas qu’ils soient désagréables mais ils oscillent entre une sorte de hard rock intellectualisé et l’heavy métallisation d’un rock underground. Consensuel dans les médias, The real thing provoque des discussions musclées entre ses adeptes et ses détracteurs. Détaché des guerres partisanes, le plus grand nombre épouse l’avis avisé de la critique. Et puis le CD finit par une reprise de Black Sabbath: War pig . Alors, respectueux des institutions…
Faith no more - Epic
Le temps passant, la cire relevant la «Face», l’envie d’une galette tenaillant les tympans, on cherche à se procurer The real thing au format vinyle. Problème. Les 33 tours parus dans les années 90 sont difficiles d’accès, tant financièrement que matériellement, un grand nombre n’existant pas sous cette forme. «Qui veut, peut». En farfouillant sur le Net, la Foi déplaçant des montagnes: miracle! Justement, l’adjectif caractérisant le mieux le son du vinyle relève du miraculeux ! Est-ce le fruit d’un fantasme autour de la cire ou la réalité? En tous cas, à l’usage, les éventuelles critiques initiales sont balayées. Ce disque contient des saphirs, des rubis, des diamants! Attention: chef d’œuvre!
From out of nowhere, Surprise! You’re dead! Perles noires à la précision diabolique! Ce qui semblait gêner initialement, entre autre la présence envahissante d’un synthétiseur, génialise les compositions. A part égale, la guitare tranchante comme un katana, arme de distorsion massive aux mains d’un bretteur au look d’Attila, décapite tout sur son passage. Plus prosaïquement, la production est dynamique et nerveuse, du genre tendu, à cent coudées des productions calibrées de l’époque. Tel que gravé, ce sillon produit des excès de vitesse, des traces de gomme sur l’asphalte, des flammes au sortir des tuyères d’échappement: une pile atomique! Chaque écoute vous transporte vers des sphères où des bulles de soie multicolore, éclatent en shrapnels de dopamine, molécule du plaisir. The real thing? Une drogue dure.
Faith No More - War Pigs
Comment survivre à la fonte d’un pareil lingot, quelle suite lui donner? Il suffit de demander et Faith No More sculpte Angel dust (1992), une autre œuvre d’art. A classer une nouvelle fois parmi les incontournables. Encore plus barré que le précédent, il s’enlace aux âmes tels des brins d’ADN. Une paire de chaussons, ça n’est déjà pas donné, mais une triplette? Patience, patience… Dans l’immédiat, la livraison suivante: King for a day … fool for a lifetime (1995), est affadie par les querelles intestines. Les désaccords enveniment les relations et les Patton, Bordin et autre Gould tordent leurs partitions pour un résultat décevant. Renouer avec l’excellence leur demandera deux années de plus. La publication d’Album of the year (1997) provoque moult «cassages de gueule des chaises» d’où les «tombants» l’écoutent: sidérant! Pourtant, il s’agit d’un pur produit d’assemblages en studio. Lors de son enregistrement, aucun des musiciens ne se croisent. Ne pouvant plus se respirer, ils enregistrent leurs parties chacun dans leurs côtés. Une fois mixé, le disque Frankenstein clone son titre et devient véritablement un des albums de l’année. Malgré ce succès, irréconciliables, les musiciens se séparent. Faith No More ne revient qu’en 2005 avec Sol invictus, une pâte assez proche en qualité de ses trois extraordinaires aînés. Même si le charme est passé, ne jamais négliger les vieilles gloires. C’est dans les vieux pots…
Thierry Dauge
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