Marilyn Manson - Holy Wood 2000

Marilyn Manson - Holy Wood - 2000

Marilyn Manson
Marilyn Manson - Holy Wood

Marilyn – Manson

Un prénom platiné, un nom sérialisé: côté sourie et côté rat. Mes plus plates excuses aux membres de la famille des muridés dont certains représentants pourraient prendre ombrage de cette association. En tout cas, un pseudonyme construit pour interpeller les foules. Physiquement? Idem. Moi qui ne supporte même pas une paire de lunettes de soleil… mais comment fait-il avec ces lentilles opaques sur la cornée? Quant aux illustrations des disques, voilà des enregistrements qui méritent le format "vinyle": œuvres d’art!
Jusqu’en 1996, il usine gentiment du Metal Indus lorsque, dans sa psyché torturée: plaine désertique infinie où des formes mercurielles s’écorchent aux barbelés, l’envie d’en découdre croise le besoin de reconnaissance. Alors, Antichrist superstar voit le jour en 1996. L’Homme supplante le groupe. Il élabore des cauchemars mystiques qui décoreront désormais ses albums. A l’image, les sujets qu’il aborde vomissent le puritanisme américain, critiques sociétales acerbes en guise de traitement. Le passage à l’An 2000, propice à tous les délires, le voit crucifié et offert tel un «Dalhia noir», objet de rédemption d’un monde corrompu.
Marilyn Manson
Marilyn Manson - Holy Wood
El l'album Holy wood, qu’en est-il de l’écoute? Va-t-on enfin écrire sur la musique dans cette chronique ?  Marilyn Manson est un concept global où chaque élément participe aux sensations auditives. Sur les 19 plages que comportent l’album, 11 sont quasi indispensables . «Tu découpes l’histoire ! Dé conceptualises le propos !». Une fois réduit à ça, ce disque devient  In-con-tour-na-ble.

Marilyn Manson : Holy Wood


La musique de Brian Hugh Warner (Marilyn Manson) évoque un cauchemar, une balade dans la tête d’un tueur en série (d’où son choix de pseudo?), l’errance d’une personnalité bipolaire au pays de sa dépression: joyeux ! Les chansons sont des doigts de feu qui pénètrent les cerveaux, y insèrent leurs ongles, connectique vers cet ailleurs infernal narré par l’auteur. Le rythme global de l’ensemble navigue sur un tempo medium ponctuellement parcouru de batteries tribales. L’effet accélère la partition comme un bolus d’adrénaline. Une seule acoustiquerie partielle vient apaiser le chaos tout en conservant l’horrifique horizon, l’impression de terre dévastée. L’intensité du propos pourrait tendre vers l’intention belliqueuse. Je ne pense pas qu’avec Holy wood, Marilyn Manson recherche l’affrontement. Qu’il veuille capter l’intérêt semble évident tant l’audiovisuel est marqué: accords et samples distordus, contraste rouge sang sur noir abyssal. La mise en scène: ce Christ blafard dépourvu de mâchoire inférieure, et sa bande son : «apocalypse show», tout semble calculé. Produit marketing pour contemporains qui, passés au fil de l’éducation judéo-chrétienne, redéveloppent un atavisme masochiste? Marilyn Manson, sociologue des années double zéro.

Marilyn Manson
Marilyn Manson
D’un point de vue strictement musical, la déstructuration programmée d’ "Antichrist …" a laissé place aux refrains calibrés qui, déjà sur Mechanical animal, aiguisaient l’appétence d’un plus grand nombre. En prise directe sur T Rex, le «Saint-bois» initie des références Glam Rock qui font l’intégralité (ou presque) de The Pale Emperor, le dernier album de Marilyn Manson. S’il reste un fond de traitement industriel, le terreau est puisé aux influences: «Chassez le naturel, il revient au galop» . «Traitrise !», s’égosille l’adepte initial, prisonnier de ses premiers émois. «Miam !», glousse le «lardon» qui s’extrait du giron maternel via la répulsion de «maman» pour ce «type dégoûtant». 
L’analyste musicale, le "critic’rock", mesure bien plus une capacité d’adaptation aux canons en vigueur, l’arrivisme méprisable d’un artificier, d’un lanceur de poudre aux yeux. Pourtant, en termes de vente, Holy wood se vend moitié moins qu’Antichrist Superstar, prouvant par-là même que le vent suivi ne correspond pas à celui du Mainstream. Histoire d’usure, de lassitude? A moins que, comme le bon vin, 20 ans séparant le premier Lp du dernier, le temps y fasse à l’affaire. Chose certaine, nous autres amateurs puisons à Holy wood des sons adaptés au combat quotidien. Pour ça, et malgré ce pseudonyme au construit critiquable , on ne peut que souhaiter que le cauchemar se poursuive.

En vrai … Je compte deux rencontres avec le groupe. 
Le 25 janvier 2001, il s’agit du Zénith de Paris pour la tournée de l'album Holy wood

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Marilyn Manson - 25 janvier 2001
De fait, le spectacle est tout autant visuel qu’auditif: grand Guignol ? Pas au sens où on l’entend. Alice Cooper propose ce genre de divertissement. La différence se situe au niveau de l’humour. Si Alice Cooper force le sourire, Marilyn Manson suinte les soupirs. Tout est noir liseré de rouge, ornementé d’une iconographie anguleuse qui rappelle les plus sombres heures du nazisme. Les musiciens peroxydés aux visages crayeux s’agitent comme des poupées schizoïdes sous les stroboscopes. Marilyn Manson, l’homme, dégouline d’un maquillage maladif tout en haut de ses échasses ou derrière un pupitre de pseudo orateur dictatorial. Sourire? Si tout est réglé comme du papier millimétré, l’enchaînement des titres laissent pourtant des plages de vide qui nuisent à la notion d’accomplie, ce sentiment de saturation des sens à la sortie des concerts. 
Le 21 décembre 2009, au même endroit, le Zénith n’image que la salle. Je ne retiens rien de cette prestation. Peut-être suis-je dans de mauvaises dispositions à ce moment, contexte qui me laissera plusieurs fois "at home" billets en poche froissés par les coussins d’un canapé. Cette déception forcera mon inintérêt pour le groupe jusqu’à l’année passée et son petit dernier. 
Marilyn manson
Marilyn Manson - 21 décembre 2009
Reste que, 15 ans après sa publication, Holy wood soutient on ne peut mieux la comparaison avec les sorties discographiques actuelles, voire les supplante. Mauvaise Foi? Puisque le fils de Dieu fait la première de couverture, pourquoi pas?
Pour ce qui est du visuel des billets de concert, concernant un combo si coloré, un effort aurait pu être fait ! Sur la tournée qui suivi la sortie d’Antichrist superstar, c’était le cas. Mais nous étions en 1997, année charnière où le graphisme d’antan passerait au tapuscrit. Et puis, Marilyn Manson au Bataclan !!! Celles et ceux qui y assistèrent doivent encore en avoir plein les sens. 

Thierry Dauge

Marilyn Manson bataclan 1997
Marilyn Manson - Bataclan 1997

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