Joe Jackson - 1979 - Look sharp sur Radio One
Joe Jackson - 1979 - Look sharp sur Radio One
Joe Jackson - look sharp |
Radio One ! Tony Blackburn, don’t stop music
En vacances estivales en Bretagne entre amis, nous nous apercevons très vite que notre soif de musique ne peut être satisfaite par la programmation des stations de radio françaises. En 1979, rien sur la bande FM. La légalisation des radios dites libres attendra l’avènement de Fanch’ Mitterrand. So what? En balayant la bande Hertzienne de notre petit transistor, nous tombons sur une radio anglaise. Les ondes traversent l’Atlantique pour notre plus grand plaisir. Radio One! Tony Blackburn, Don’t stop music. Le sort en est jeté, nous anglicisons notre mois d’août. Ci-joints quelques titres et interprètes qui nous y incitent: Don’t bring me down par Electric Light Orchestra, The logicalsong de Supertramp, MySharona par The Knack, I don’t likeMonday des Boomtown Rats… et Is she realy going out with him? signé Joe Jackson.
Cette chanson caresse nos libidos dans le sens du poil: «Sort-elle vraiment avec lui?». Des aptitudes shakespeariennes de base nous permettent de traduire quelques bribes de paroles. Elles titillent le côté midinette qui sommeille en nous. Je confirme, souvenir de camping associé, avec Claire, une "petite" anglaise...
Cette chanson caresse nos libidos dans le sens du poil: «Sort-elle vraiment avec lui?». Des aptitudes shakespeariennes de base nous permettent de traduire quelques bribes de paroles. Elles titillent le côté midinette qui sommeille en nous. Je confirme, souvenir de camping associé, avec Claire, une "petite" anglaise...
Joe Jackson : is she really going out with him? - Look sharp - 1979
L’été suivant, même endroit, autre anglaise. Cette nouvelle voisine de camping me fait découvrir le reste de Look sharp. Les cassettes faisant alors recette, je le copie. L’attirance compulsive que je ressens à l’égard de ce petit bout de femme, née d’une plastique agréable et d’un abord relationnel très «décontracté», joue en faveur de Joe et son premier Lp devient un de mes enregistrements de chevet. Pour mesurer l’ampleur du séisme que cette jeune fille provoque en moi, il convient de resituer quelques-uns des groupes qui caractérisaient mon quotidien musical jusqu’alors: Judas Priest, Queen, Scorpions ou Kiss. A côté de ces disques pour chevelus, la musique de Joe fait figure d’une émission en provenance du cosmos, d’ondes émises par un lointain pulsar. Pourtant, j’en fredonne quelques notes avec le même d’engouement que lorsque j’entonne celles d’un groupe de heavy rock.
La même année, dans l'émission Chorus, Antoine de Caunes diffuse sur nos écrans un extrait du concert de Joe Jackson au théâtre de l’Empire. J’avoue, toute honte bue, que je pratique d’avantage cette noble salle en compagnie de Jacques Martin, le sérial animateur de «Bon dimanche». Vêtu d’un costume noir deux pièces, chemise blanche/cravate noire, l’ami Joe fit pétiller Sunday papers tout autant sur l’écran que sur les papilles. La pop cuisinée par le « Jackson blanc » rend les chansons gustatives.
Joe Jackson : Sunday papers - LP : Look Sharp -1979
Lorsque, oreilles tendues, on tente l’analyse de ce qui prime dans ce 33 tours, inéluctablement, la qualité du son arrive en premier. L’album présente une production chirurgicale et organique. Chaque instrument sonne très distinctement, comme animé d’une vie propre; indépendamment des autres. Clarté, précision, netteté et dynamique font la une. De Fools in love, reggae blanc, à Got the time, power pop énervée, on ne peut qu’admirer ces lignes de basses et ces frappes de batterie, de la croche à la ronde, qui accrochent à la ronde l’aléatoire auditeur inéluctablement séduit. Finalement, moiteurs estivales passées, j’en viens à la conclusion que l’intérêt porté à ce disque est bien plus musical que libidinal.
Pour la critique, Elvis Costello, avec This year’s model et Armed forces, provoque d’avantage l’appétence. Si ces deux albums présentent un incontestable attrait, ceux du Jackson «blanc» le sont tout autant. D’ailleurs, sur le disque suivant, Joe affirme "qu’il est l’Homme" - Lp: I'm the man - 1979. Indubitablement, en matière de pop rock, il en a les traits.
Le premier concert de Joe Jackson auquel j’assiste a lieu le 18 janvier 2001 à l’Olympia. En ce début de vingt et unième siècle, la guitare n’a plus ses faveurs. Je préjuge que l’absence sur scène d’une six cordes va laisser béer un vide insondable. L’inquiétude d’un concert déplaisant finit même par me gagner. J’ai tort. Je garde un souvenir ému de l’évènement, notamment pour une version de For no one à l’interprétation saisissante. La salle retient son souffle les 2 minutes et 50 secondes de cette brèche quasi spatiotemporelle ouverte au piano par Sir Joe. Bien sûr il se «plante» sur l’intro, bien sûr il s’agit d’une reprise mais qui refuse une divine cerise sur un gâteau ?
La seconde étape se passe au Bataclan, le 26 mai 2003, à l’occasion de la tournée Volume 4. Cette fois-ci, les musiciens originels sont sur scène, ceux de Look sharp, guitariste compris: Graham Maby bassiste légendaire, Gary Sanford - guitare - et Dave Houghton à la batterie. Pour n’en rien rater, je me place à un mètre des planches, oreille droite collée aux amplis… Les aigus encaissés à cette occasion fracturent à jamais la chaîne de mes osselets. Comme pour le concert précédent, la communion entre l’artiste et son public est totale. Joe Jackson, mégalomane à la pédanterie détestable ? Les revues spécialisées font parfois preuve d’avis dont nul n’a besoin pour reconnaître les siens.
Thierry Dauge
Joe Jackson |
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