David Bowie - Hunky Dory - 1971
David Bowie - Hunky Dory - 1971
Bowie - Hunky Dory |
En quelle année sommes-nous? 1974 ou 1975? Pourtant, ce disque est sorti en 1971... le temps des Sardou, Cloclo, Johnny ou encore des Osmond Brothers. Souvenir: Europe 1 et RTL sur le poste de radio familial.
Bref, 1974 ou 1975 ou encore plus tard. La relation qui m’unit ces jours-ci à Mr Bowie commence sur le grill. Un problème de contexte. Pas assez bruyant dans le jus de l’époque. Et puis, il y a un faux-poteau qui déifie l’homme vairon tout autant qu’il dénigre Queen, mon vignoble, le sang dans mes veine. Ça nous garantit un Everest d’incompréhension mutuelle. Au mois d’octobre 1981, Queen et Bowie réunissent nos paroisses avec Under Pressure. Ce titre reflète bien l’état dans lequel nous nous mettions dix ans plus tôt.
«Vous n’allez pas encore rester là-dedans toute la journée à écouter votre musique? Sortez dehors prendre l’air!». A la mi-temps des années 70, donc. Un copain m’ouvre cette voix et c’est celle de sa mère qui nous interpelle, nous invitant à cesser de vivre repliés autour de notre passion: Hunky Dory.
Depuis: Life on Mars.
Je considère ce titre comme une des plus magnifiques chansons jamais écrites et composées: mélodie, vocaux, musique et arrangements. A son écoute, le gamin de douze ou treize ans gagne des sommets: le crescendo des couplets, le refrain à l’emphase symphonique, le solo de guitare imparable jusqu’aux quelques notes finales de piano. Cette fin en forme d’intro incite à reposer l’aiguille au début du sillon. L’équilibre parfait.
Bowie - Hunky Dory |
L’ensemble du disque, de ch, ch, ch, ch, Changes jusqu’aux «Bewlay Brothers» via Quicksand et Oh ! You pretty things, donne une impression de complétude, de règle d’or musical. Le fait de l’avoir écouté des centaines de fois y est certainement pour quelque chose mais quand même! L’album s’écoute d’une traite avec juste une pause obligée, le moment où la face A se termine. Alors, subtilement, l’auditeur intervient pour retourner le vinyle et engager le saphir au début de la face B. Sur celle-ci, il y a le riff de Queen bitch auquel les Sex Pistols doivent tout leur répertoire. Une référence!
Bowie : Changes - Live Olympia - 2002
Il va pourtant s’écouler des années avant que je n’acquière ce vinyle. De fait, comme tant d’adolescents, je vire Heavy Metal. En bon intégriste, les autres genres musicaux deviennent proscrits. Finalement, au début des 90’s, je pioche une réédition dans le linéaire d’un grand magasin. Sur cette dernière, pourtant made in RCA, Life on Mars sonne petit bras! La comparaison avec le 45 tours original est sans appel. Il faut corriger le tir, retourner vers le passé, se procurer un exemplaire RCA / Victor de 1971. C’était facile et ce fut fait.
David Bowie : Life on Mars?
Au sujet de Hunky dory, une question se pose encore: qui est réellement responsable du son et, au-delà, de ce qui fait que cet album mérite d’être placé au sommet des choses jamais enregistrées? Les compos sont de Bowie. Ok, et le reste? Combien de bonnes chansons figurent aux abonnées absentes du fait d’une production transparente ou d’arrangements inappropriés? Alors? Le parallèle avec Transformer de Lou Reed, produit par Bowie et Mick Ronson, parait intéressant. On remarque des similitudes au niveau des arrangements de cordes ou, pour le moins, des lignes d’harmonies. Point de Ken Scott (producteur de Hunky Dory) sur ce disque-là. Je tente une deuxième comparaison avec un autre 33 tours de Bowie. Dans une interview sur ce qui fait de «Ziggy Stardust …» un grand album, le sieur Scott précise qu’à un moment donné, il ne se rappelle plus qui a fait quoi pour en arriver-là: ce coup d’éclat. Mon point de vue est qu’un certain Mick Ronson n’a peut-être pas été pour rien dans ce qui fait la magnificence d’Hunky Dory ainsi que dans celle des deux albums qui suivent: The rise and fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars - 1972 - et Aladdin Sane - 1973. Qui saura nous dire? Cabrel (joke!). Personne. Bowie et Ronson, frappés par un mal qui ignore le talent, nous ont quittés… Le 10 janvier 2016 restera à jamais et pour toujours une triste journée.
Je n’ai vu David Bowie en concert qu’une unique fois : le 20 octobre 2003 à Paris Bercy. Eh bien, trente-deux années plus tard, majestueuse dans son nouvel écrin, Changes était toujours sur la playlist. Et le reste de la prestation brillait du même éclat que ce joyau-là.
Thierry Dauge
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