MOTÖRHEAD : Les derniers rugissements

MOTÖRHEAD : Les derniers rugissements

Lemmy Kilmister
Lemmy Kilmister - MotörHead

 Lemmy et MotörHead

Je ne peux penser à Motörhead sans penser à Philthy Animal Taylor, le premier marteleur du groupe: réminiscence d’une marionnette du Muppet Show qui pratiquait la batterie à coups de marteau. Je remonte donc vingt cinq ans en arrière, au moment précis où j’entends une double grosse-caisse en action pour la première fois: Overkill (1979). En 2013, Motörhead usine quasiment le même acier. Batteur et guitariste ont changé mais la musique conserve son caractère d’urgence bien spécifique, à boulets rouges, ça canarde dans tous les coins!!! De visu, les acteurs paraissent moins sauvages. Au sortir des amplis, c’est du brutal, ça «turgesce» toujours et roidement!

Motorhead
Motörhead

Lemmy Kilmister, âme pensante et damnée du gang

A l’origine, la Croix de Fer se rapporte à la déesse de la paix. Son stylisme s’apparente en tout point à une croix de Malte, symbole distinctif de certains ordres religieux. Pourtant, en Allemagne, elle devient une décoration militaire qui tombe un temps en désuétude. Hitler rétablit cette décoration en 1939. De ce fait, elle devient représentative du nazisme qui, pour se singulariser, rajoute un svastika incliné à 45° en son centre. A l’image de la croix de Malte, le svastika, autre symbole d’origine religieuse, devient ainsi la symbolique d’une toute autre chose.

Motörhead - No Class


Lemmy Kilmister, âme pensante et damnée du gang, collectionneur d’oripeaux militaires, tel Ron Asheton des Stooges, n’apparait jamais sans une croix de fer autour du cou. Cette particularité alliée au graphisme adopté pour le nom du groupe, cette monstruosité moitié smilodon / moitié mammouth chapeauté d’un casque à pointe qui orne les pochettes de leurs disques, génère une certaine confusion. Comme d’autres adeptes du métal lourd, Jeff Hanneman de Slayer par exemple, le leader de Motörhead en pincerait pour le IIIème Reich !
Que faut-il en penser? Pfffffff ... quelle plaie ces habitudes et attitudes polémiques!

Motorhead
Motörhead

S’il est certain que le groupe a laissé tomber le double arbre à cames en tête: Clarke/Taylor, qui le faisait rugir au début des 80’s, il n’en est pas moins certain que l’alcool continue à rentrer pour une bonne part dans le composé explosif qui lui sert de carburant. Le breuvage alimente par hectolitres la scie musicale et circulaire des trois «hé-g-oïnomanes». Sur la pochette d’Aftershock (2013), leur dernier véritable album de qualité, l’icône semble propager de la vapeur au sortir d’un cloaque, à moins que ces fumées évanescentes ne soient le résultat de terres brulées? En matière de destruction, de table rase, rien ne semble impossible à ces Attila du rock. Et le titre de l’album, Aftershock, résume bien son contenu: ce qu’il reste de vie après la lecture des 14 chansons, pas grand-chose en vérité… si ce n’est le plaisir de les rejouer au plus vite! Dans cet album, il y a grand choix: du typique Motörhead comme Heartbreaker ou Paralyzed, une charge de cavalerie à l’assaut de Fort Alamo: Going to Mexixo, un moment très atmosphérique avec Lost woman blues ou carrément blues sur Dust and glass, du pur rock’n’roll: Do you beleive, jusqu’au titre «popysant» heavy classique: Knife. Cette diversité dans la continuité me rappelle le controversé Another perfect day (1983) ou l’excellent Snake bite love (1998).

Motorhead - Lost Woman Blues


Et puis, à l’orée de 2016, le 28 décembre 2015 exactement, l’incarnation d’Héphaïstos sur Terre (Dieu des forges et des métaux) a rejoint l’Olympe. Quatre mois plus tôt, sortait le dernier LP du groupe: Bad magic , «Mauvais tour»? Il semble que ce titre était prémonitoire et que Lemmy sentait venir la Faucheuse et sa salle gueule bancroche. Ce qui est certain, c’est que partout où il a joué, les tympans cramés n’ont pas repoussé.
Billet Motorhead
Billet Motörhead

En concert … Je vois Motörhead live un peu tardivement. «Tardivement» de l’avis des Motör’s addict purs et durs, après le déluge de fer et de feu de la première mouture. Ça se passe le 26 novembre 2011, au Zénith de Paris, avec Danko Jones en 1ère partie. Autant ces derniers dynamitent les petites salles, autant dans l’arène de toile grise, ils semblent un peu perdus. Et Motörhead, alors? Et bien les «garçons» touillent leur truc et le moteur gronde en pétaradant. Quid des saignements d’oreilles et autres légendaires débordements soniques? Un petit «bourdo/sifflement» à la sortie, rien de plus. Nonobstant, la scène doit être le poumon de Lemmy, élément sans lequel sa survie serait compromise, d’où ces tournées incessantes. A l’issue du concert, suis-je déçu? Peu importe, tant qu’ils continueraient à sortir des disques comme Aftershock, ça le ferait. Manque de pot, ça ne le fait plus.

Thierry Dauge 

Motörhead
Motörhead



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