Sex Pistols

The SEX PITOLS - On s’en bat les cagolles!

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Sex Pistols

1977 - L'album incontournable

J’entre en seconde au lycée bleu - Argenteuil - alors que les Sex Pistols font la couverture de tous les magazines. En août 1977, le n°109 de Best n’échappe pas à la règle. Je me goberge du contenu de mon magazine préféré de telle sorte qu’au mois d’octobre, à la sortie du disque, je suis contraint de l’acheter (comment passer à côté?). Il faut se rendre compte par soi-même. Dans le linéaire du supermarché, à une époque où acheter des disques représente une démarche identitaire, il y a le choix entre les éditions Virgin ou Barclay: le grand luxe! Je choisis celle de chez Barclay. Si l’Angleterre a les groupes, nous, français, savons presser du vinyle!

Un jour de 1978 (je pense …), je prête la galette à un copain et ne la récupère jamais. Lorsque je la lui demande, il me répond qu’il a honte de me la rendre dans l’état où elle se trouve à présent. Nous faisons donc un troc, le Pistols contre deux 45 tours: Ballroom blitz de Sweet et This town ain’t big enough for both of us de Sparks. L’année dernière, je me décide à faire un petit voyage dans le passé et récupère un pressage Barclay de l’objet. Rasséréné, tout tourne à nouveau rond au pays de ma collection.

Sex Pistols : Anarchy in the UK


On ne peut parler des Sex Pistols sans parler du punk et on ne peut parler du punk sans parler des Sex Pistols. Les canons du punk viennent des Pistols et plus particulièrement de deux de ses membres: Sid Vicious pour la méchanceté et la bêtise, Johnny Rotten pour la voix, l’attitude et le regard de requin complètement marteau. Il toise le monde via les deux billes plus ou moins divergentes de son regard fou: «J’ai un look de rat d’égout, je couine comme un rat d’égout et je vous emmerde! Je suis Johnny Rotten». Ce type est une icône, l’égal d’un Dieu. S’il y a beaucoup de candidats au poste, il est le seul à le décrocher en 1977. De fait, il représente le punk à lui tout seul. Très simple de le prouver. Sur ce disque, vous remplacez ses exaltations verbales par les vocalises d’un bon vieux chanteur un peu couillu et vous obtenez… un disque de hard rock, exit le punk à l’anglaise. Certains avanceront qu’à cette condition le Lp pourrait être qualifié de punk rock à l’américaine, mais ça n’est pas du tout la même chose. Le Punk, c’est anglais, ça ne peut être qu’anglais: les banlieues grises londoniennes, le chômage Thatchérien et l’éducation en blouse à blason, les casquettes et serre-têtes sur oreilles bien dégagées. Le punk c’est le pays des écoliers fourbes en short et sourires en coin, comme Angus Young sur la pochette d’Highway to hell, ou des petites frappes à la lippe méprisante comme celle d’Alex dans Orange mécanique. Indubitablement, c’est l’apport au genre d’un Johnny Rotten qui fait toute la différence entre le Punk et le punk rock. Si le Vicious compte aussi, c’est essentiellement pour les frasques de sa légende personnelle.
Sex Pistols

Shooteur de little song, je concocte un titre intitulé: La p’tite punk, dont les paroles sont constituées d’onomatopées. L’inspiration vient des chansons de Never mind the bollocks. J’y puise des saillies du Johnny, envolées lyriques rendues phonétiques par la diction et l’accent propre à leur interprète. Mais m’y engager cœur et âme n’y suffit pas. Je n’arrive pas à l’ourlet de son froc à carreaux. Mes vocalises tombent comme une tarte aux quetsches où les siennes embrasent la tourmente. Johnny Rotten est unique et cette unicité fait de lui un être indispensable au rock. D’ailleurs, Neil Young le chante dans Hey, hey, my, my: Le rock? «This is the story of Johnny Rotten». Le jour où il disparaitra, Brassens l’a chanté bien avant tout ce bazar, jamais le trou ne se refermera.

En matière de chansons, cet album renferme des canons. Les titres sont exemplaires de hargne, de mélodie et de perfection. Ces petits bijoux tournent comme des horloges atomiques. Chaque élément trouve miraculeusement sa place au moment opportun, générant un tout indissociable. Le rôle joué par le producteur dans l’atteinte de cette excellence n’a pas fini de faire couler de l’encre. Mais peu importe, seul le résultat compte et le reste: «Never mind...». Pour ma part, sur l’apport de chacun à la qualité du produit fini, comme aucun enregistrement n’a suivi et que, entre les deux, Glen Matlock a été débarqué … oui, le bassiste mésestimé. Reste la dissection de l’après Pistols pour se faire une idée. Rotten, redevenu Lydon, a fondé PIL. Expérimental, fantastique ou carrément naze, tous ces commentaires peuvent s’appliquer aux deux premiers albums de son nouveau groupe, tous sauf : «C’est du Pistols». Pour Steve Jones on peut retenir deux enregistrements, un avec Paul Cook dans le groupe The Professionnals, l’autre au sein des Neurotic Outsiders. Dans ce dernier, même s’il est de qualité, on entend du punk rock à l’américaine. Dans le premier: rien de mémorable. En tous cas, nous sommes loin, très loin de Never mind the bollocks. Pour moi, ça suffit. «Never mind…» (tiens, tiens … le Nirvana?) est le fruit d’une alchimie, d’un contexte et d’hommes réunis autour d’une même cause: s’éclater. 
Le cloner? La formule magique a fondu dans le vinyle. Et puis le contexte diffère et certains des hommes sont morts à présent ou artistiquement secs. J’ai lu quelque part que ce bon Ritchie Blackmore pense que chacun possède en soi un nombre de chansons limité à écrire. Pour les membres des Sex Pistols, la limite a été atteinte dès le premier essai. Il ne reste qu’un microsillon et des images. C’est peu, certes, mais quel héritage!

Sex Pistols : God save the queen


Ma carrière de spectateur n’ayant commencé qu’en 1978, je n’ai jamais vu les Sex Pistols en action. Pourtant, ils ont refait une série de concerts dans les années 2000 … dans des stades! A quoi bon? Les Sex Pistols, j’aurais voulu les vivre dans une salle comme le Divan du Monde, dans la sueur, la fumée et les mollards, avec le post ado au collier chaine/cadenas au volant de sa basse. Par expérience: Johnny Winter, Chuck Berry… la légende vit d’avantage en nous. Après tout, ils sont nombreux ces jeunes groupes dithyrambiques qui méritent qu’on rejoigne leur following. Et puis, il y a ces disques, tous ces disques au sommet desquels siègent les indispensables des meilleurs, les récipiendaires de la fameuse île déserte. Never mind the bollocks trône tout en haut de la pile. Alors, pensez, sur l’île déserte...

Thierry Dauge 

1977, Never Mind the Bollocks... l'album incontournables des Sex Pistols. On ne peut parler des Sex Pistols sans parler du punk et on ne peut parler du punk sans parler des Sex Pistols.
En matière de chansons, cet album renferme des canons. Les titres sont exemplaires de hargne, de mélodie et de perfection. Ces petits bijoux tournent comme des horloges atomiques. Chaque élément trouve miraculeusement sa place au moment opportun, générant un tout indissociable. Le rôle joué par le producteur dans l’atteinte de cette excellence n’a pas fini de faire couler de l’encre. Mais peu importe, seul le résultat compte et le reste: «Never mind...». Commentaire passionné et admiratif signé Thierry Dauge.


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