AutobioRock virtuelle
AUTOBIOROCK' COMMUNAUTAIRE
Il était une fois … une virtuelle communauté de partages
A moins d’être né autour de 1955, à la sortie de certains albums rock de l’audiothèque idéale des 70’s, d’albums cultes identifiant cette période, à un moment ou un autre, chacun ou chacune d’entre nous en est encore à gribouiller des esquisses de bonhommes: ronds, bâtons, traits. A la maison, on entend chanter Aznavour, Ferrat , Brel, Brassens ou Léo Ferré. Le tourne-disque psalmodie des textes en français, relayé par le poste de radio: «Stop ou encore?». La première fois où un cri anglophone s’élève, Child in Time tourne peut-être sur la platine?. Une seconde naissance.
Deep Purple : Child in Time
Ponctuant l’écoute, des craquements sont repérables, des grésillements. «Si ça craque et que ça grésille? C’est que c’est du vinyle» . Les enfants du vingtième siècle sont accros à la cire. Pas de place pour le silence sur les autres supports. Pas d’espaces entre les instruments. Un trop plein assimilable à du bruit de fond. A leur écoute, le mal de tête vous gagne. Sans parler de la longueur des enregistrements. Une face de vinyle dure, en moyenne, 20 minutes. Une clé Usb ou un disque dur planent éternellement! Quel intérêt? A part rythmer une activité annexe: aucun. Or, pour écouter de la musique, on ne peut faire autre-chose qu’écouter, justement: la musique est une activité à plein temps.
Lorsque vous êtes élevés aux hit-parades, il arrive parfois qu’un type, un original vous sauve la vie. Généralement votre aîné, il vous traîne chez un disquaire, ce genre de boutique que maman vous interdit: «Tous des drogués!». Submergé de patchouli, dans la demi-clarté d’une vitrine bleuie à la clope, vous mirez toutes ces pochettes alignées sur les murs. Le propriétaire, guitare à la main, entouré par deux ou trois habitués, vous gratifie d’un œil bienveillant par-dessus ses minuscules binocles de soudeur. Et puis la chaîne Hi-fi lâche les watts et vous sortez de l’enfance. Le futur s’annonce bruyant pour les voisins.
Led Zepplin : Black Dog
Dans les kiosques, Best règne en maître. Puiser quelques francs au porte-monnaie maternel devient inéluctable. A la Maison de la Presse, au rayon magazine, il irradie. Au chapitre Croque-vinyle, des journalistes critic-rock attendrissent des steaks ou rayent des galettes. Pourtant, que l’objet soit honni ou glorifié, les états d’âme fleurissent, concernés. Asservi, vos treize ans vous voient travailler sur les marchés ou bien laver des voitures pour y glaner une aumône prometteuse d’un de ces 33 tours, frangipane de votre collectionnite à venir.
Johnny Winter : Highway 61 Revisited 1976
Chercher des disques arrache du temps au quotidien. De ce fait, chaque disque acquis représente une part de ce quotidien, compose la musique d’une tranche de vie. Évidemment, une fois mis bout à bout, tous ces trophées reconstituent un super vinyle, le 33 tours d’une vie en rock: votre Autobiorock. Pour vous connaître? Il suffit de se glisser dans l’écoute de vos propres sillons.
Du point de vue de la temporalité, vos goûts empruntent certainement l’ascenseur, parcourant les années de façon aléatoire. Vous grillez parfois des étages pour y revenir ultérieurement. Il y a des zones d’accélération, des paysages traversés qui, brillant dans le rétroviseur, vous invitent à faire demi-tour. De temps en temps, aussi, des voies sans issue. Votre Autobiorock se présente alors telle la promesse d’un Raoul Volfoni: «Façon puzzle». Néanmoins, dans votre mémoire, chaque disque trouve sa place, témoin d’une histoire. Puissions-nous partager ensemble toutes ces histoires pour puiser, çà et là, quelques-uns de ces enregistrements qui les composent et qui viendront, à leur tour, s’immiscer à la nôtre.
Thierry Dauge
Commentaires
Enregistrer un commentaire