Interférences - Bande Dessinée - Histoire mouvementée des Radios libres

"Interférences" - Bande Dessinée - Jeanne Puchol et Laurent Galandon - 

L'histoire mouvementée des Radios libres

Interférences - Bande dessinée - Puchol - Galandon

Quand la radio bulle

Avant 1981, la radio était un monopole d’Etat en France. Dans l’hexagone, on ne pouvait capter que les chaînes de service public et les radios dites «périphériques» émettant de pays proches: Radio Luxembourg (RTL) , Europe n°1 (Europe 1) et Radio Monte Carlo (RMC). Bravant le monopole, un peu partout sur le territoire, fleurissaient, depuis les années 1970, des radios libres, locales, n’ayant ni autorisation d’émettre, ni fréquence attitrée. Appelées aussi «pirates», certaines ayant émis de bateaux stationnant dans les eaux internationales. Ce fut le cas de la fameuse et très rock Radio Caroline, émettant d’un rafiot en Mer du Nord, captée notamment du Nord Pas-de-Calais aux côtes normandes et évoqué avec beaucoup d’humour dans le film Good morning England 

Interférences, BD signée Jeanne Puchol au dessin et Laurent Galandon au scénario nous conte en un flash-back, à travers la fictive Radio Nomade, l’histoire mouvementée de Pablo et Alban qui vont défier la censure pour faire vivre leur modeste radio libre parisienne. Bien qu’issus de milieux très différents, les deux jeunes gens vont se découvrir une passion commune pour la radio, moyen d’échapper à leur quotidien. Rencontrant un ex animateur de radio pirate britannique, ils bricolent un émetteur de fortune qu’ils embarquent dans un combi Volkswagen. Alban est le plus politisé, Pablo ne rêve que de musique et d’évasion… Tous deux se lancent dans une aventure dont les conséquences les dépassent un peu et qui pourrait bien mettre à mal leur amitié…  

Au-delà de l’histoire, la précision du dessin restitue l’ambiance, tandis que le récit, bien documenté, rappelle la partie de cache-cache avec la police, les camions gonio chargés de repérer et brouiller les fréquences qu’ont connu toutes les radios libres. La répression disproportionnée s’abattant sur ces jeunes gens, dignes héritiers de l’esprit de liberté de mai 68 et suspectant tout ce qui portait jeans et cheveux longs en écoutant des musiques jugées subversives ne s’arrêtera, pour les radios libres, qu’en 1981 avec la libération des ondes, bouleversant totalement le paysage audio français.

« Interférences ». Editions Dargaud.

Dee Brooks

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